Au cours de la dernière décennie, les médias, les universitaires et certains dirigeants chrétiens ont largement diffusé des messages de peur exagérés sur la menace que représenteraient les évangéliques, dont beaucoup osent exercer leur citoyenneté et voter pour des candidats conservateurs. Mais nous devrions écouter les avertissements prophétiques concernant l’engagement malsain sur la place publique, le type de recherche du pouvoir contre lequel Chuck Colson nous a mis en garde dans son livre toujours d’actualité Dieu et le gouvernement. Chaque exemple où l’on prend le nom de Dieu en vain est un exemple de trop.
Il faut pourtant se demander si l'industrie artisanale florissante des livres, des conférences, des podcasts et des films est nécessaire. Chaque année, des livres comme Le faux évangile blanc, Confrontation au christofascisme,
Les racines cachées de la suprématie blancheet Idolâtrie américainepour n'en citer que quelques-uns, inondent le marché, faisant valoir que l'évangélisme américain est une menace dangereuse pour la démocratie. Ces voix de plus en plus stridentes contribuent à brouiller la frontière entre une foule qui a pris d'assaut le Capitole américain et les dames d'église de nos congrégations qui pensent moins aux prochaines élections qu'à leur prochain cours d'école du dimanche. L'historien Mark David Hall, dans son nouveau livre, Qui a peur du nationalisme chrétien ? aide à distinguer les faits du mythe. Il écrit à propos de ces polémiques : « Leurs travaux s’appuient davantage sur la rhétorique que sur les arguments, et lorsqu’ils fournissent des preuves, ils formulent souvent des affirmations erronées ou exagérées sur la base de celles-ci. »
Pendant ce temps, depuis les attaques horribles du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, nous avons assisté à la montée en puissance de véritables extrémistes dont le langage n’est ni codé ni sifflé. Ces militants promeuvent le terrorisme et la haine antisémite. Le massacre gratuit et la violence sexuelle d’Israéliens innocents n’ont pas suscité la sympathie de cette cohorte de gauche, mais ont plutôt motivé des manifestations de soutien dans les villes de tout le pays. Les mêmes partisans acharnés qui sont prompts à qualifier les évangéliques de menace minimisent souvent ces manifestations anti-israéliennes en les présentant comme de simples plaidoyers pour la Palestine, ignorant les appels à la violence contre les Juifs. Mais les chants génocidaires « Du fleuve à la mer », « Retournez en Pologne » et « Le 7 octobre n’est que le début » ne peuvent être blanchis. Sur les campus universitaires, les étudiants juifs ont été harcelés, enfermés dans des salles alors qu’ils étaient encerclés par des manifestants violents et laissés sans protection par leurs administrateurs irresponsables. Les manifestants ont même eu recours au blocage de la circulation dans les grandes villes.
Le commentateur Seth Mandel a qualifié à juste titre ce triste phénomène de « Charlottesville tous les jours ». Et ce, bien sûr, alors que de nombreux otages juifs continuent d’être torturés et victimes de violences sexuelles à Gaza aux mains du Hamas.
Les chrétiens devraient déplorer le double standard de l’indignation, entre celle dirigée contre les évangéliques et celle dirigée contre les antisémites. Ces derniers semblent engendrer un maximum de nuances et le bénéfice du doute, tandis que les premiers sont qualifiés de menace monolithique pour la démocratie américaine. Après l’attaque horrible contre la démocratie du 6 janvier 2021, menée par un groupe marginal d’Américains d’extrême droite, le débat national a automatiquement accepté l’idée reçue selon laquelle les racines du terrorisme intérieur commençaient le dimanche dans les congrégations évangéliques américaines. Comme c’est le cas pour tout incident impliquant un mauvais acteur, même vaguement lié au christianisme, une introspection et un examen de conscience nationaux sont exigés, même par certains dirigeants évangéliques.
Pourtant, des dizaines de milliers d’étudiants radicaux à travers le pays offrent, selon les mots de Jonah Goldberg, « un soutien matériel au terrorisme ». Une fois de plus, nous nous trouvons dans un environnement où l’on encourage un débat national, mais où l’on exige un nombrilisme sans fin et un double langage lorsqu’il s’agit d’antisémitisme. Pour le dire franchement, l’antisémitisme est le dernier fanatisme acceptable en Amérique.
Les chrétiens ne devraient pas avoir peur des témoignages prophétiques et nous ne devrions pas avoir peur de dénoncer les mauvais acteurs de notre propre camp. Comme toute cohorte de la population, les évangéliques ont leur lot d’oncles fous. Mais lorsqu’il s’agit de véritables menaces pour la démocratie, il est peu probable que nos frères et sœurs qui fréquentent l’église soient la véritable menace pour l’expérience américaine. Il est plus probable que ce soient les foules qui brandissent des pancartes du Hamas et du Hezbollah et crient « Mort aux Juifs ».
Pour les lamentations à gauche, l'alarme que vous entendez vient de l'intérieur de votre propre maison.