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Que faudra-t-il pour dissuader l’Iran ?

MARY REICHARD, HÔTE : Nous sommes le jeudi 8 février 2024. Merci d’avoir écouté WORLD Radio. Bonjour, je m’appelle Mary Reichard.

MYRNA BROWN, HÔTE : Et je m’appelle Myrna Brown.

Tout d’abord sur Le monde et tout ce qu’il contient: La guerre par procuration de l’Iran contre l’Amérique.

Comme vous venez de l’entendre, hier, les États-Unis ont ciblé le chef d’une milice soutenue par l’Iran en Irak. Il s’agit de la dernière d’une série de frappes consécutives à une attaque de drone de la milice qui a tué trois militaires américains stationnés en Jordanie.

REICHARD : Les forces américaines ont frappé plus de 80 cibles en Syrie et en Irak le week-end dernier. Voici lundi le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder. Vous l’entendrez faire référence au CGRI, le sigle du Corps des Gardiens de la révolution iranienne.

PAT RYDER : C’est le début de notre réponse, et des mesures supplémentaires seront prises pour tenir le CGRI et les milices affiliées responsables de leurs attaques contre les forces américaines et de la coalition.

BROWN : Combien de frappes faudra-t-il pour dissuader l’Iran et ses mandataires de cesser d’attaquer les forces américaines ?

Joe Truzman nous rejoint maintenant. Il est analyste de recherche principal à la Fondation pour la défense des démocraties et écrit pour le Journal de la Longue Guerreaxé sur les groupes militants palestiniens et le Hezbollah.

JOE TRUZMAN : Bonjour, merci de m’avoir invité.

REICHARD : Je suis tellement content que vous soyez là. Eh bien, que savons-nous du groupe derrière l’attaque en Jordanie ?

TRUZMAN : Donc, le groupe, ce sont en fait des groupes, si vous y regardez bien, mais c’est la Résistance islamique en Irak. C’est donc une organisation faîtière. Cette organisation faîtière est composée de groupes écrans et de groupes établis soutenus par l’Iran, notamment des groupes établis qui opèrent en Irak et en Syrie. Et ces groupes sont constitués d’organisations comme les Brigades du Hezbollah, ou un autre groupe appelé al-Nujaba. Ils sont implantés en Irak depuis un certain temps déjà et reçoivent le soutien de l’Iran, d’accord. Maintenant, vous pourriez vous demander : pourquoi auraient-ils créé une organisation écran, n’est-ce pas ? Pourquoi ne sortent-ils pas simplement et disent : « D’accord, c’est nous, nous l’avons fait, nous attaquons les troupes américaines ? » La raison en est qu’ils veulent créer un déni plausible. L’Iran, par l’intermédiaire de ces mandataires, veut se distancier de l’affirmation selon laquelle il attaque les troupes américaines dans la région. D’accord? C’est pourquoi ces groupes ont créé cette organisation de façade appelée Résistance islamique en Irak, dont nous avons tant entendu parler ces derniers mois.

REICHARD : Très bien. Eh bien, vous savez, nous entendons souvent l’expression « milices soutenues par l’Iran ». Pourriez-vous expliquer quoi gentil du soutien que l’Iran apporte à ces militants ?

TRUZMAN : C’est vrai, c’est donc important. Il existe différents types de soutien. D’accord, cela dépend de quel groupe il s’agit, et ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que l’Iran soutient beaucoup de ces organisations, ou ces organisations terroristes armées, qu’elles soient en Irak ou en Syrie, au Yémen, au Liban, Gaza, ou la Cisjordanie, d’accord. Et ce type de financement ou de soutien varie. Une partie de cela passe par l’argent, directement par les fonds. Cela passe en partie par le transfert d’armes, ou par une combinaison des deux. Par exemple, les groupes en Irak et en Syrie qui ont attaqué les troupes américaines reçoivent une grande partie de l’aide de l’Iran sous forme d’armes, qu’il s’agisse de missiles balistiques ou de drones que nous avons vus qui ont tué des troupes américaines. en Jordanie récemment. Donc, cela varie simplement selon le groupe, mais la majeure partie est soit des fonds, soit quelque chose de très important également, comme j’ai mentionné le savoir-faire militaire ou la formation militaire. Nous constatons beaucoup de cela, avec ces groupes soutenus par l’Iran et ces organisations mandataires qui deviennent très fortes dans la région, cela leur cause beaucoup de problèmes pour les États-Unis et Israël.

REICHARD : Très bien, pensez-vous que nous allons arriver à un point où riposter aux forces par procuration ne suffira pas, et où les États-Unis devront lancer des frappes directes contre l’Iran ?

TRUZMAN : C’est la grande question, n’est-ce pas ? C’est ce que nous entendons beaucoup. S’en prendre aux organisations mandataires est-il suffisant ? Eh bien, le problème à l’heure actuelle est que ces frappes doivent être plus fortes pour envoyer un message, et nous entendons souvent ce mot comme dissuasion, n’est-ce pas ? Il n’existe actuellement aucune mesure de dissuasion au Moyen-Orient à l’égard de ces groupes et des États-Unis. Alors ils continuent d’attaquer. Même après que les États-Unis ont frappé des zones en Syrie et en Irak ces derniers jours, ces groupes continuent leurs attaques. Cela ne les a pas vraiment dérangés. Il semble donc que les États-Unis n’en aient pas fait assez, d’accord ? Et cela a été le cas ces derniers mois. Les frappes américaines contre ces groupes ont été tièdes, elles n’ont pas fait grand-chose, d’accord ? Ils n’ont pas eu la force de faire passer un message. C’est le problème ici. Mais il ne faut pas oublier non plus que ces groupes sont, en fin de compte, contrôlés par l’Iran, d’accord ? Je pense donc qu’un message plus fort doit être envoyé à l’Iran, qui a fait défaut pendant tout ce temps, que ce soit par le biais de sanctions ou de frappes militaires, on peut en débattre.

REICHARD : Joe, y a-t-il un aspect de cette histoire qui, selon vous, est négligé et qui mérite plus d’attention ?

TRUZMAN : Il ne s’agit pas d’Israël et des États-Unis. Il s’agit de l’Iran et des États-Unis. Il s’agit de l’Iran qui tente de pousser les États-Unis hors de la région. Ce que l’Iran, le régime iranien, le gouvernement iranien, et ce pour quoi ils sont très bons, c’est de voir une opportunité, n’est-ce pas, et de tirer parti de cette opportunité pour faire avancer son programme. Ils ont vu ce qui s’est passé en Israël avec l’attaque terroriste du Hamas, alors ils ont profité de l’occasion pour essayer d’éloigner encore plus les États-Unis de la région en attaquant les troupes au nom des États-Unis soutenant Israël, ce qui, encore une fois, comme je l’ai déjà dit, , je pense que ce n’est qu’une apparence, donc je pense qu’il est important de le souligner.

REICHARD : Joe Truzman de la Fondation pour la défense des démocraties, merci de vous joindre à nous.

TRUZMAN : J’apprécie que vous m’ayez invité. Merci.