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Les législateurs gambiens maintiennent l'interdiction des mutilations génitales féminines

Les députés gambiens ont rejeté lundi un projet de loi qui aurait annulé l'interdiction des mutilations génitales féminines en vigueur depuis 2015. Les législateurs avaient présenté le projet de loi en mars et une majorité des parlementaires l'avait initialement approuvé. Seuls 19 des 53 membres de l'Assemblée nationale gambienne présents lundi ont voté pour l'approbation du projet de loi, contre 42 des 47 présents qui avaient voté en faveur du projet de loi en mars. La Gambie aurait été le premier pays au monde à réduire les protections contre cette pratique si les législateurs avaient abrogé l'interdiction. Plus de 80 pays interdisent purement et simplement cette pratique ou autorisent sa répression par le biais d'autres lois, selon l'ONU.

Qu'est-ce que la mutilation génitale féminine ? Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), cette pratique consiste à retirer une partie ou la totalité des organes génitaux externes d'une femme pour des raisons non médicales. Elle est traditionnellement pratiquée sur des filles de moins de 15 ans. Selon l'Organisation mondiale de la santé, cette pratique n'a aucune justification médicale et de nombreuses filles souffrent de complications pouvant entraîner la mort ou des problèmes de santé à long terme.

Selon un rapport de l’UNICEF, plus de 230 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi cette mutilation, dont la majorité est originaire d’Afrique. L’enquête démographique et de santé de 2019-2020 en Gambie a montré que 73 % des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi une mutilation, soit une légère baisse par rapport aux 75 % de 2013.

Les partisans de cette pratique affirment qu'elle a une importance religieuse et culturelle. La Gambie est un pays à majorité musulmane et, bien que cette pratique ne soit pas mentionnée dans la loi islamique, elle est courante dans d'autres pays à majorité musulmane.

L’interdiction a-t-elle protégé les femmes et les filles ? Peu de personnes ont été poursuivies en vertu de cette loi depuis que l’ancien dictateur Yahya Jammeh a introduit l’interdiction en 2015 et de nombreuses communautés rurales ont continué à pratiquer cette pratique. L’année dernière, un tribunal a reconnu trois femmes coupables d’avoir mutilé des fillettes âgées de 4 mois à 1 an. Il s’agissait des premières condamnations en vertu de cette loi.

L'imam musulman Abdoulie Fatty a payé les amendes imposées par le tribunal aux femmes, selon les médias locaux. Fatty a soutenu la députée Almameh Gibba qui a présenté le projet de loi visant à lever l'interdiction des mutilations.

Creusez plus profondément : Écoutez la discussion de Myrna Brown, Nick Eicher et John Stonestreet sur le lien entre les chirurgies transgenres et les mutilations génitales féminines.