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Mauvais timing au Moyen-Orient

Pour tout président américain en exercice de notre génération, il n’y a peut-être pas de plus grande réalisation – en termes de politique au Moyen-Orient – que d’initier et de diriger un accord visant à normaliser les relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Après tout, au Moyen-Orient, Israël est le plus important allié des États-Unis et l’Arabie saoudite est la nation arabo-musulmane la plus influente. Un tel accord apporterait probablement une paix significative dans une région en ébullition et serait une énorme réussite.

Le président Donald J. Trump presque l’a fait, et l’une de ses réalisations importantes en matière de politique étrangère a été la négociation des accords d’Abraham, qui ont conduit à la normalisation des relations entre Israël et cinq nations arabo-musulmanes en 2020. Rien n’aurait été fait dans ces accords sans la bénédiction de l’Arabie saoudite, un fait qui a conduit beaucoup à espérer que le royaume saoudien suivrait le cours.

Ce n’est un secret pour personne que le président Joe Biden veut accomplir un tel accord, mais sera-t-il capable de le faire ?

Selon Jle mur SJournal des arbres, « un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite est devenu une priorité pour le président Biden. » On nous dit que son administration est engagée dans des pourparlers et « est profondément impliquée dans les négociations complexes ».

Bien sûr, la partie américaine a rapporté (ou divulgué) des nouvelles de ces négociations complexes, car la partie saoudienne ne donne normalement pas de détails sur ces questions. Parler d’eux pourrait créer des problèmes religieux et géopolitiques, en raison du statut sensible d’Israël dans la région et du statut de l’Arabie saoudite parmi les musulmans. Ainsi, le reportage de ces pourparlers visait à marquer des points politiques pour l’administration Biden, bien que, d’après ce qui apparaît dans l’arène politique, nous devrions être très sceptiques quant à toute normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite qui puisse se produire bientôt.

Ce n’est pas une prédiction, pas du tout. C’est une simple lecture de la scène au Moyen-Orient.

Le tableau est d’autant plus clair que l’Arabie saoudite, selon le Journal, insiste sur des conditions extraordinairement difficiles pour qu’un accord de normalisation se concrétise. Les Saoudiens exigent non seulement des « garanties de sécurité et une aide nucléaire » des États-Unis, mais aussi d’être nommés « un allié majeur non membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ». « Le déménagement », selon le Journal, « ferait officiellement de l’Arabie saoudite un allié des États-Unis et lui donnerait un accès plus facile à l’armement américain ». Ces conditions sont à juste titre désignées par le Jjournal comme des « obstacles redoutables à un accord », et les législateurs des deux parties s’opposeront très probablement à tout ou partie d’entre eux.

Les conditions des Saoudiens sont fondamentalement un indicateur qu’ils n’ont rien à perdre et, sans les garanties qu’ils veulent, un accord n’en vaut pas la peine.

Les conditions des Saoudiens sont fondamentalement un indicateur qu’ils n’ont rien à perdre et, sans les garanties qu’ils veulent, un accord n’en vaut pas la peine. Simplement, le timing n’est pas bon. De plus, dans les circonstances actuelles, les Saoudiens n’ont également rien d’urgent à gagner.

Les incitations d’un accord de normalisation pourraient ne pas être suffisamment élevées pour que l’Arabie saoudite aille de l’avant. Il n’y a fondamentalement pas d’incitations politiques ou économiques uniques susceptibles de plaire aux Saoudiens à ce stade. C’est pourquoi le royaume a augmenté les enjeux en demandant trop – s’ils ont obtenu ce qu’ils cherchaient, l’affaire en valait sûrement la peine.

Mais l’Arabie saoudite est également réticente car il existe des risques possibles si un accord avec Israël se concrétise. Premièrement, cela pourrait se retourner contre l’Arabie saoudite, car environ 40 % des Saoudiens se sont opposés à l’accord aussi récemment qu’en 2022. Le nombre était de 91 % en 2014, de sorte que l’opposition a considérablement diminué, mais elle reste relativement élevée. Cela représente un énorme risque politique pour le régime.

Deuxièmement, un accord avec Israël pourrait compliquer les relations géopolitiques de l’Arabie saoudite avec le deuxième pays musulman le plus important, l’Iran, d’autant plus que les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran ont montré une légère amélioration récemment, après des années de tension croissante. Troisièmement, si les États-Unis négociaient l’accord israélo-saoudien, les relations saoudiennes avec la Chine et la Russie pourraient se compliquer, car les deux pays cherchent à remplacer le rôle traditionnel que les États-Unis ont joué pendant des décennies en tant que principale puissance de la région.

Ainsi, tout accord se heurte à des obstacles importants.

Mais un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite prend une perspective différente si on le considère à la lumière de l’ambition et de la détermination du prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman (MBS). Un accord, selon la logique, doit porter son empreinte digitale et lui valoir des éloges et de l’estime. Alors qu’il semble vouloir changer la perception de l’Arabie saoudite dans le monde, en la plaçant comme une nation moderne et en l’éloignant des cultures islamiques traditionnelles, il n’est pas enthousiasmé par le leadership de Biden et éviterait probablement de lui accorder une réalisation aussi remarquable. Les Saoudiens ressentent toujours la piqûre de la décision de Biden de leur montrer l’épaule froide.

Sans aucun doute, un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite transformerait la géopolitique du Moyen-Orient, mais, avec toutes ces considérations, cet accord ne devrait pas se concrétiser de sitôt. Néanmoins, il est important de réfléchir à ce que signifierait un tel accord et à ce que cela pourrait prendre.