Le mot vient de franc (libre) et de maçon. Il est calqué sur sa traduction anglaise freemason, composé de free (libre) et mason (maçon). Ce terme anglais remonte au xiv siècle siècle et désignait des maîtres bâtisseurs très qualifiés.
Les premiers documents officiels anglais faisant référence aux maçons sont écrits en latin ou en normand comme “sculptores lapidum liberorum” (Londres, 1212), “magister lathomus liberarum petrarum” (Oxford, 1391), et “mestre maçon de franche peer” (Statut des travailleurs, 1351). Toutes ces expressions signifient un tailleur en pierre, de grès ou de calcaire. Dans les archives de la construction du Wadham College au xviie siècle siècle les mots francs-maçons (freemasons en anglais) et pierre de taille (freestone en anglais) ont le même sens. Le mot franc-maçon contraste aussi avec “Rough Mason”, désignant un tailleur de pierre peu expérimenté.
L’adjectif «franc» dans ce contexte, peuvent également sous-entendre que le maçon n’est pas asservi, sous contrat ou lié féodalement. Bien que ceci devait être rare chez les maçons médiévaux anglais, cela devint apparemment important de loges écossaises opératives.
Histoire de la Franc-Maçonnerie
L’histoire de la franc-maçonnerie se divise en trois phases. Tout d’abord, l’apparition de loges organisées, se constituant en groupes de maçons opératifs (bâtisseurs au Moyen Âge, qui édifièrent, entre autres, les cathédrales), puis l’admission de membres spéculatifs, et enfin l’évolution des loges devenant purement spéculatives (philosophique), et l’émergence des Grandes Loges. Le grand tournant dans ce processus est généralement considéré comme la formation de la première Grande Loge de Londres en 1717. Les deux difficultés auxquelles sont confrontés les historiens sont le manque de documents écrits, jusque dans le XIX siècle, et la désinformation générée par les maçons et non-maçons.
La théorie la plus répandue pour expliquer les origines de la Franc-maçonnerie, provenant d’une école d’historiens datant du xviiie siècle, aujourd’hui très controversée, remontent en 1337 à l’époque de la Guerre de Cent Ans. Cette théorie, reconnue par l’obédience maçonnique du Droit Humain, considère la Compagnie des Maçons de Londres exerçant le contrôle du métier dans la ville comme première organisation maçonnique. D’autres organisations maçonniques font aussi leur apparition en Écosse au xvi siècle avec la première juridiction écossaise permanente du métier en 1475 sous la forme d’une charte d’Incorporation. En 1598, que William Shaw, Maître des ouvrages du Roi et Surveillant général de l’Incorporation des Maçons, publie les Anciens Devoirs qui introduisent le terme de “loge”, chargée contrôler l’entrée des apprentis et leur accès au rang de Compagnon, de régler les différents et punit les manquements au règlement. Ces “Devoirs” incluent aussi une partie mythique faisant remonter l’histoire franc-maçonne jusqu’à l’Antiquité.
Origine du Terme
La Franc-maçonnerie est officiellement devenue spéculative en 1717 à Londres sous l’influence du pasteur écossais James Anderson et de son ami proche le physicien Isaac Newton, membre de la Royal Society.
Mais plusieurs autres hypothèses s’opposent. Certaines prônant une transition pendant laquelle les maçons auraient commencer à accepter les étrangers dans le métier ou d’autres proposant que le lien entre les maçons opératifs et spéculatifs n’était que nominal.
La franc-maçonnerie fait son apparition en France au début du xviiie siècle siècle en ne touchant d’abord que l’aristocratie. La plupart des grand maîtres sont des immigrés britanniques. À partir de 1740 la Maçonnerie va commencer à diffuser dans toute la France.
LES RITES
ORIGINE DES RITES MAÇONNIQUES
Au xvii siècle, les rituels maçonniques, beaucoup plus simples que ceux du siècle suivant, n’étaient pas censés être écrits et n’étaient jamais imprimés. Ils ne sont plus connus de nos jours que grâce à un très petit nombre de notes manuscrites ayant échappé à la règle et au temps, ainsi que par quelques anciennes divulgations. L’étude de ces documents montre qu’ils évoluèrent assez considérablement au fil du temps.
Au xviii siècle, après la réorganisation des pratiques consécutive à la fondation des premières Grandes Loges, les Ancients et les Moderns pratiquent de nouveau des rituels assez similaires, qui ne se distinguent que par un assez petit nombre de points remarquables, tels que la place de certains éléments symboliques, la manière de transmettre les mots de passe, ou une référence plus ou moins importante à la religion chrétienne.
Cependant, dès les années 1740, on voit apparaître de nouvelles divergences, à côté des rituels traditionnels des trois premiers degrés, sous la forme de plusieurs centaines de rituels de degrés additionnels dits de « hauts grades » dont beaucoup n’étaient que des variantes les uns des autres, ou restèrent à l’état de projets, ou ne furent en réalité jamais vraiment pratiqués. Cette multiplication des rituels maçonniques aboutit à diverses initiatives visant à normaliser les pratiques et à les rassembler en ensembles cohérents et stables : les rites maçonniques.
LISTE DE RITES MAÇONNIQUES
Les rites maçonniques aujourd’hui les plus répandus à travers le monde sont :
Le Rite d’York (principalement aux États-Unis)
Le Rite émulation (principalement au Royaume-Uni et dans les anciennes colonies britanniques)
Le Rite écossais ancien et accepté (dans le monde entier, surtout en ce qui concerne son système de hauts grades maçonniques)
Le Rite français (principalement en France, au Brésil, et en Europe continentale)
LE RITE D’YORK
Le Rite d’York est l’un des Rites Maçonniques les plus pratiqués aux États-Unis. On le retrouve très minoritairement en France.
HISTOIRE
Le développement du rite d’York coïncide avec l’expansion de la Grande Loge des Anciens au début du xviii siècle. Plus « christique », cette pratique rituelle sera même défendue par Laurence Dermott dans son Ahiman Rezon.
Si le rite d’York connaît sa genèse en Écosse, ce sont les francs-maçons irlandais qui contribueront à l’exporter en Amérique du Nord au xviii siècle et au début du xx siècle.
Il prend sa dénomination de rite américain par distinction avec le rite émulation qui se codifie lorsque les loges des Anciens et des Modernes s’unissent en 1813. Les États-Unis, absentes de l’union entre deux conceptions de la franc-maçonnerie qui voit le jour en Grande-Bretagne, gardent ainsi toute l’originalité et l’authenticité de ce rite. Les différences de rituel entre les Anciens et les Modernes n’étaient cependant que restreintes : inversion des mots sacrés, dispositions des lumières,… Le contenu symbolique des grades de compagnons et de maître étaient différents.
Le Rite d’York est particulièrement développé aux États-unis où ses loges s’interdisent toute discussion de sujets politiques, religieux ou de tout autre sujet controversé et ne revendiquent comme objectif que celui de l’amélioration de ses membres.
Il n’est pas rare aux États-Unis que le rite d’York soit pratiqué en binôme avec le Rite écossais ancien et accepté. Ce constat a encouragé la création en 1957 à Détroit du Collège du rite d’York afin de défendre le rite et d’en faire sa promotion.
DEGRÉS
Le rite américain York est divisé en de nombreux degrés regroupés en 5 catégories.
Première catégorie : loges bleues
1. Apprenti
2. Compagnon
3. Maître
Deuxième catégorie : Chapitres – Arche Royale
4. Maître de marque
5. Passé maître virtuel
6. Très excellent maître
7. Maçon de l’arche royale
Les rituels de la Royal Arch aurait été codifiés en 1797 à Boston. Il prend sa symbolique sur l’Arche d’Alliance contenu dans le Temple de Salomon.
Troisième catégorie : Conseil – Maçons cryptiques
8. Maître royal
9. Maître choisi
10. Super excellent maître
Les rituels du Conseil sont nettement plus modernes. On estime qu’ils sont codifiés au début du XIXe siècle. Conseil qui complète les degrés du chapitre sous la référence mythologique des cryptes de Temple de Salomon.
Quatrième catégorie : Commanderies – Chevaliers du Temple
11. Chevalier de la Croix-Rouge
12. Chevalier de Malte
13. Chevalier du Temple
Les Commanderies ont une dimension davantage chrétienne que les Chapitres ou le Conseil. Elle passe du Temple de Salomon aux ordres Templiers.
Cinquième catégorie : Bienfaisance – Ancient Arabic Order of the Nobles of the Mystic Shrine en abrégé A.A.O.N.M.S.
Accessible aux Maîtres maçons, les Shriners gèrent aux USA et au CANADA des hôpitaux pour enfants avec un dévouement remarquable. Ces hôpitaux sont aussi souvent des laboratoires et centres de recherches réputés pour maladies rares ou/invalidantes nécessitant des infrastructures et des compétences médicales de pointe. L’acteur John Wayne fut notamment un Shriner célèbre.
Catégorie « a cote » : ou Side Degrees ou Masonic Bodies
De nombreux autres degrés maçonniques non intégrés aux principaux systèmes ou catégories répertoriées ci-dessus sont agrégés ou partenaires de la maçonnerie officielle aux Etats-Unis, comme aussi parfois en Angleterre ainsi que dans les pays et territoires sous anciennes constitutions ou patentes US ou anglaise. Sans les citer tous car ils sont nombreux, on peut mentionner cependant,
- Ordre de la Croix Rouge de Constantin
- Ordre des Chevaliers Maçons
et citer les ordres apparentes qui reçoivent des femmes :
- Ladies Oriental Shrine of North America
- Daughters of the Nile
- Order of the Eastern Star
et ceux qui reçoivent des enfants :
- Grotto
- Sciots
- Order of the Amaranth
- Daughter of Jericho
Il faut noter que certains degrés dits « de chaire » c’est-à-dire dont le titulaire a dirigé un atelier de l’une ou l’autre des catégories ci-dessus constituent souvent un ordre intérieur auquel ne sont reçus que ceux qui ont présidé. Ainsi en est-il des ordres intérieurs suivants :
- Ordre de la Grande Prêtrise (Arche Royale)
- Ordre de la Truelle d’Argent (Conseil cryptique)
- Ordre des Chevaliers Prêtres du Temple (Commanderies)
- Ordre de la Croix d’Honneur York ou Purple Cross (pour ceux qui ont dirigé des ateliers de tous les degrés du système).
Le chapitre de la Marque tel qu’il est pratiqué en France à la GLTSO et au GODF ne correspond pas au rite d’York, le grade d’Arche Royale y étant absent. Il s’agit de la Marque anglaise, et non pas des chapitres d’York tels qu’ils sont pratiqués en Ecosse ou aux Etats-Unis.
SPIRITUALITÉ
Le rite d’York s’appuie particulièrement sur la Bible et plus encore sur l’Ancien Testament. Le signe d’ordre est parfois précédé par la formule «Dieu Garde» selon les rituels.
La démarche initiatique, des loges bleues jusqu’au degré de Chevalier de la Croix-Rouge de Constantin, contenue dans le rite de York veut que le franc-maçon passe du Temple de Salomon (de l’Ancien Testament) qu’il rebâtit en recevant la gnose en vue d’un Temple à la portée plus christique que poursuit les Commanderies.
Le rite d’York est moins formalisé que le rite Émulation lui aussi censé être appris par cœur. Les pratiques de ce rite peuvent ainsi sensiblement varier d’un état des Etats-Unis à l’autre.
LE RITE ÉMULATION
Le Rite Émulation ou Rite Anglais de Style Émulation ou Rite d’Union est un Rite Maçonnique.
HISTOIRE DU RITE
Son histoire est profondément inscrite dans celle de la Maçonnerie Anglaise. Ce rite, qui a été le symbole de la réconciliation des « Anciens » et des « Modernes », marque une transition entre la maçonnerie opérative et la maçonnerie spéculative.
Les plus anciens rituels ne sont pas parvenus jusqu’à nous. En effet, pour le maçon opératif toute allusion écrite ou dessinée aux secrets techniques du métier de l’art de bâtir ou aux modes de reconnaissance entre ouvriers était une sorte de violation du secret professionnel. La transmission ne pouvait et ne devait se faire qu’oralement. Lorsqu’elle se fit spéculative, la franc-Maçonnerie, dans ces rites d’initiation, conserva et aggrava même par l’adjonction de supplices symboliques toute transmission des secrets qui ne fût strictement orale.
En 1717, la première Grande Loge dite des « Moderns » a commencé à rassembler ce qui constituait l’essence du rite pratiqué jusqu’alors. À partir de 1752, les « Antients » contribuent à leur tour au travail des « Moderns » en apportant de substantielles modifications. Les deux courants, « Antients » et « Moderns » se rassemblent alors par l’Acte d’Union en 1813, constituant ainsi la Grande Loge unie d’Angleterre.
En 1823, un des fruits de cette union a été la création d’une loge d’instruction exclusivement réservée aux Maîtres : « Emulation Lodge of Improvement », qui a donné son nom au rite, créé dans version originale en anglais la même année. La mission de cette loge était de pratiquer le rituel dans sa plus grande rigueur afin de former les maitres des autres loges qui devaient à leur tour l’enseigner aux autres frères.
LE RITE ÉMULATION AUJOURD’HUI
Ce rite est pratiqué principalement par la Grande Loge unie d’Angleterre. Il est également utilisé, quoi que de manière plus minoritaire, dans de nombreux autres pays.
Arrivé en France avec les soldats alliés durant la grande guerre, il y est maintenant pratiqué principalement par la Grande Loge nationale française (GLNF), la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra (GLTSO) et la Loge nationale française (LNF).
LES GRADES
Comme d’autres rites, le rite Émulation comporte trois grades au niveau des loges bleues :
- 1er grade : Apprenti
- 2e grade : Compagnon
- 3e grade : Maître
Il n’y a en revanche pas de « hauts grades » sur le rite émulation. C’est pourquoi de nombreux francs-maçons travaillant au rite émulation se tournent vers un atelier de la Grande Loge des Maîtres Maçons de Marque de France (GLMMMF) puis vers les chapitres de l’Arche royale qui sont le parfait et harmonieux complément du rite Émulation :
- 4e grade : Maçon de la Marque
- 5e grade : Passé Maître
- 6e grade : Excellent Maître
- 7e grade : Arc Royal
NB : S’il n’est pas un grade en soi, certains estiment que le statut de vénérable de la loge reste une étape déterminante. Preuve en est la cérémonie d’installation secrète du vénérable maître et le statut de « Passé Maître » de la Loge après le vénéralat.
LE RITE ÉCOSSAIS ANCIEN & ACCEPTÉ
Le Rite écossais ancien & accepté (REAA) est l’un des rites maçonniques les plus répandus dans le monde…
Fondé en 1801 à Charleston (États-Unis) sous l’impulsion des Frères John Mitchell et Frederic Dalcho, sur la base des Grandes Constitutions de 1786, attribuées à Frédéric II de Prusse. C’est à l’origine un rite qui ne comportait que des grades situés au-delà du grade de maître.
Bien qu’il soit composé de 33 grades, il est habituellement pratiqué dans le cadre de deux organismes complémentaires mais distincts :
- une obédience maçonnique qui fédère des loges des trois premiers grades de la franc-maçonnerie ;
- une « juridiction » de hauts grades maçonniques, dirigée par un « Suprême Conseil », qui regroupe des ateliers du 4e au 33e degré.
NAISSANCE DU RITE ÉCOSSAIS ANCIEN & ACCEPTÉ
Bien que les trente-trois degrés aient ainsi déjà été créés, le Rite écossais ancien et accepté ne fut constitué qu’avec la fondation du premier Suprême Conseil, le Suprême Conseil de la Juridiction Sud à Charleston, en mai 1801, sous l’impulsion de John Mitchell et Frederic Dalcho.
C’est avec des patentes de ce premier Suprême Conseil que furent progressivement constitués tous les autres Suprêmes Conseils du monde, comme :
- le Suprême Conseil du 33e degré en France (nom exact de l’organisme à l’époque), en 1804.
- le Suprême Conseil de la Juridiction Nord des États-Unis, en 1813.
- le Suprême Conseil d’Angleterre et du Pays de Galles, en 1845.
ALBERT PIKE & LE REAA AUX ÉTATS-UNIS
Né à Boston, dans le Massachusetts, le 29 décembre 1809, Albert Pike est souvent considéré aux États-Unis comme étant l’homme qui fit le plus pour le succès du REAA, le faisant passer du stade de rite maçonnique assez obscur au milieu du xix siècle à la fraternité internationale qu’il est devenu. Pike reçut tous les grades du 4e au 32e de l’historien maçonnique américain Albert Mackey en mars 1853 à Charleston, Caroline du Sud et la même année fut nommé Inspecteur adjoint (Deputy Inspector) pour l’Arkansas.
À cette époque, les degrés étaient encore dans une forme rudimentaire et le plus souvent ne contenaient qu’une brève légende accompagnée de quelques détails, mais le plus souvent sans véritable rituel d’initiation. En 1855, le Suprême Conseil de la Juridiction Sud nomma un comité chargé de préparer des rituels complets du 4e au 32e degré. Ce comité fut composé de Albert G. Mackey, John H. Honour, W. S. Rockwell, C. Samory et Albert Pike, mais c’est Albert Pike qui fit l’essentiel du travail.
En mars 1858, Pike fut élu membre du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis et devint son Grand Commandeur en janvier 1859. La Guerre de Sécession interrompit son travail sur les rituels du Rite écossais. Après la guerre, il partit pour Washington et en 1868 il termina son travail de révision des rituels.
Pike écrivit aussi de conférences pour tous les degrés qu’il publia en 1871 sous le titre Morales et Dogme du Rite écossais ancien et accepté.
HISTOIRE DU REAA EN FRANCE
Le Rite Écossais Ancien et Accepté est apparu en France grâce au Frère Grasse-Tilly en 1804, alors qu’il revenait des « isles d’Amérique ». Il fonda le premier Suprême Conseil en France cette même année.
Un traité d’Union en décembre 1804 est signé entre le Grand Orient de France et le Suprême Conseil du 33e degré en France. Il est dit que Le Grand Orient unit à lui le Suprême Conseil de France. L’accord fut dans les faits appliqué jusqu’en 1814. Grâce à ce traité, le Grand Orient de France s’appropria le Rite Écossais Ancien et Accepté.
De 1805 à 1814 le Grand Orient de France administra les 18 premiers degrés du Rite, laissant au Suprême Conseil de France le soin d’administrer les 15 autres, du 19e au 33e. En 1815 cinq des dirigeants du Suprême Conseil fondèrent au Grand Orient de France le Suprême Conseil des Rites. Le premier Suprême Conseil en France tomba en sommeil de 1815 à 1821.
Le Suprême Conseil des Isles d’Amérique (fondé en 1802 par Grasse-Tilly, réveillé par Delahogue vers 1810) réveilla en 1821 le Suprême Conseil pour le 33e degré en France et ils fusionnèrent en une seule organisation : Le Suprême Conseil de France. Il s’érigea en puissance maçonnique indépendante et souveraine. Il créa des loges symboliques (celles qui sont composées des trois premiers degrés et qui se fédèrent normalement au sein d’une Grande Loge ou d’un Grand Orient).
En 1894, le Suprême Conseil de France créa la Grande Loge de France dont l’autonomie devint une complète indépendance en 1904 lorsque le Suprême Conseil de France renonça à délivrer les patentes constitutives des nouvelles loges. Le Suprême Conseil de France se considère cependant toujours comme gardien de la cohérence de l’ensemble des 33 degrés du Rite et les relations entre les deux structures restent étroites comme en témoignent les deux tenues communes qu’elles organisent chaque année.
En 1964, le Souverain Grand Commandeur Charles Riandey ainsi que 400 à 500 membres de la Juridiction du Suprême Conseil quitta le Suprême Conseil de France et rejoignit la Grande Loge nationale française en estimant que, du fait de sa démission et bien que le Suprême Conseil de France ait continué à travailler sans lui, il n’existait plus de Suprême Conseil en France. Il se fit ensuite ré-initier à Amsterdam aux 33 degrés du rite puis fonda avec l’appui du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis un nouveau Suprême Conseil, dénommé « Suprême Conseil Pour la France » , seul à être reconnu par les Suprêmes Conseils des États-Unis après avoir été désigné au Convent de Barranquilla (1970) comme seule autorité du Rite Écossais pour la France par le plus vieux Suprême Conseil du Monde : le Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis.
La France se trouve ainsi l’un des rares pays où coexistent 3 Suprêmes Conseils légitimes :
- Le Suprême Conseil de France (issu du Suprême Conseil de 1804 puis réveillé en 1821 par le Suprême Conseil dit des « Isles d’Amérique » fondé en 1802 à Saint-Domingue), souché sur la Grande Loge de France.
- Le Suprême Conseil Grand Collège du Rite écossais ancien accepté (issu du Suprême Conseil de 1804, constitué en 1815), souché sur le Grand Orient de France.
- Le Suprême Conseil pour la France (issu du Suprême Conseil des Pays-Bas, constitué en 1965), souché sur la Grande Loge nationale française.
LES 33 DEGRÉS DU REAA
Il n’existe pas en franc-maçonnerie de rang supérieur au troisième degré, celui de maître maçon. C’est un des principes fondamentaux de la « régularité maçonnique » que tous les maîtres maçons soient placés sur un pied d’égalité, sans considération de position sociale ou d’appartenance à d’autres degrés maçonniques. C’est pourquoi les degrés d’un numéro supérieur au troisième doivent être considérés comme des degrés d’instruction, ou de perfectionnement, et non pas comme des grades impliquant un pouvoir particulier et dont pourrait se prévaloir un maître maçon pour se prétendre supérieur aux autres.
Dans de nombreux pays, les trois premiers degrés peuvent être pratiqués à un autre rite que le REAA avant l’accès aux autres grades de celui-ci.
Degré N° | Titre |
---|---|
1° | Apprenti |
2° | Compagnon |
3° | Maître |
4° | Maître Secret |
5° | Maître Parfait |
6° | Secrétaire Intime |
7° | Prévôt et Juge |
8° | Intendant des Bâtiments |
9° | Maître Élu des Neuf |
10° | Illustre Élu des Quinze |
11° | Sublime Chevalier Élu |
12° | Grand Maître Architecte |
13° | Chevalier de Royal Arche |
14° | Grand Élu Parfait et Sublime maçon ou Grand Élu de la Voûte Sacrée |
15° | Chevalier d’Orient ou de l’Épée |
16° | Prince de Jérusalem |
17° | Chevalier d’Orient et d’Occident |
18° | Souverain Prince Chevalier Rose + Croix |
19° | Grand Pontife |
20° | Maître Ad Vitam |
21° | Chevalier Prussien |
22° | Prince du Liban |
23° | Chef du Tabernacle |
24° | Prince du Tabernacle |
25° | Chevalier du Serpent d’Airain |
26° | Prince de Mercy |
27° | Grand Commandeur du Temple |
28° | Chevalier du Soleil |
29° | Grand Ecossais de Saint-André d’Écosse |
30° | Chevalier Kadosh |
31° | Grand Inspecteur Inquisiteur |
32° | Sublime Prince du Royal Secret |
33° | Grand Souverain Inspecteur Général |
EXCEPTIONS, PARTICULARITÉS, DÉSACCORDS
L’indépendance des grades symboliques (1e-3e) et des hauts grades (4e-33e) n’a pas toujours été aussi clairement établie qu’à l’heure actuelle, notamment en France et en Belgique, lorsque les loges symboliques pratiquent le Rite écossais ancien et accepté dès le premier degré. De nos jours, les rituels de certains hauts grades mentionnent encore l’existence de « prérogatives » datant de leur origine, donc antérieures à la constitution du Rite Écossais Ancien et Accepté.
Le nom même du REAA a parfois légèrement varié, certains auteurs ainsi que la Juridiction Nord des États-Unis utilisant parfois l’expression « Ancient Accepted Scottish Rite » (sans le and), traduite en français par « Rite Ecossais Ancien Accepté » avec l’idée d’une « ancienne acceptation » du rite.
Dans de nombreuses juridictions, il existe également des particularités, généralement minimes, mais parfois plus importantes. Elles concernent principalement les degrés qui sont réellement pratiqués, les autres degrés sont transmis « par communication », suivant l’usage fréquent du xviii siècle, c’est-à-dire sans que le rituel du degré ne soit réellement pratiqué.
En Angleterre
Le rite s’appelle généralement « Rite ancien et accepté » (sans l’adjectif « écossais »). Il impose la pratique de la foi chrétienne (« must profess the Trinitarian Christian faith »). On le pratique seulement au 18e degré. Le 30e est réservé aux anciens présidents de chapitres. Les degrés au-delà du 30e ne sont conférés qu’à un très petit nombre de personnes. On compte 27 000 membres du Suprême Conseil sur les 400 000 membres de la Grande Loge Unie d’Angleterre
Le Rite Écossais Ancien et Accepté est également pratiqué du 1e au 33e degré par le Droit Humain du Royaume-Uni et du 1e degré au 3e degré par la loge masculine « The White Swan, No 1348″ de la Grande Loge de France à Londres ainsi que par la loge mixte « Marco Polo » de la Grande Loge d’Italie.
En Écosse, on pratique les 18e, 30e degrés. Au-delà, on procède comme en Angleterre.
En France et en Belgique, suivant les juridictions, on pratique et on initie généralement aux 4e, 9e, 12e, 13e, 14e, 15e, 17 e, 18e, 22e, 26e, 28e, 30e, 31e, 32e et 33e degrés. Dans certaines juridictions belges, on initie également aux 5e et 29e degrés. Des différences quant au nombre de grades pratiqués existent d’une juridiction et d’un pays à l’autre. En règle générale, les juridictions françaises pratiquent moins de degrés d’aréopage que les juridictions belges et privilégient les degrés chapitraux.
Aux États-Unis, la juridiction nord a réformé ses pratiques de manière assez notable en 2004 et en 2006: Le nom de 21 des 33 degrés, en particulier, a été changé. Par ailleurs, le système nord-américain est beaucoup plus rapide que dans d’autres pays, puisqu’il permet d’atteindre le 32e degré en très peu d’années alors qu’en Europe et en Amérique du Sud une telle progression requiert une pratique assidue de plus d’une vingtaine d’années. Pour cette raison, plusieurs juridictions européennes et sud-américaines ne reconnaissent pas automatiquement les hauts grades reçus par leurs membres à l’occasion d’un séjour aux États-Unis.
LE RITE FRANÇAIS
Le Rite Français, également appelé parfois Rite Moderne, est un Rite Maçonnique pratiqué sous différentes formes et par plusieurs Obédiences Françaises, Européennes et Latino-Américaines.
HISTOIRE
Le Rite français est intimement lié à la naissance de la franc-maçonnerie spéculative en général et de la maçonnerie continentale en France, en particulier. Les exilés britanniques apportent le rite des Modernes qui sera traduit, progressivement, en français. Mais si cette forme hybride ne connaît encore le nom de Rite Français, c’est bien pour se distinguer des systèmes dits des « anciens » que celui-ci se forme.
Afin d’assurer une franc-maçonnerie à dimension nationale, le Grand Orient de France (GODF) organise l’uniformisation des rites « modernes » hexagonaux dès 1783. En 1786, le modèle est fixé pour les trois premiers degrés en « loge bleue » qui connaissent une forte influence anglaise en distinction toujours des rites écossais. En 1801, un imprimeur peu scrupuleux diffuse le rite sous le titre : Le Régulateur du Maçon, fac-similé des cahiers officiels du G.O.D.F, qui eux étaient délivrés contre argent sonnant et trébuchant, et uniquement aux Loges de l’obédience qui en faisaient la demande par écrit.
Plusieurs réformes du rite vont être entreprises.
PRATIQUE DU RITE
Le système du Rite français est un régime en trois grades et quatre Ordres:
En « loge bleue » :
1e : Apprenti
2e : Compagnon
3e : Maître
En « chapitre » :
Premier Ordre : Élu secret
Deuxième Ordre : Grand Élu écossais
Troisième Ordre : Chevalier d’Orient
Quatrième Ordre : Chevalier de l’Aigle, Parfait Maçon Libre sous le nom de Rose-Croix.(AU GRAND CHAPITRE GÉNÉRAL DU G.O.D.F : SOUVERAIN PRINCE ROSE-CROIX, PARFAIT MAÇON LIBRE, GRAND COMMANDEUR DU TEMPLE.)
Il existe un cinquième Ordre, prévu dès l’origine du Rite. Non compris dans l’échelle des 7 degrés du Régime Français, le caractère non graduel, administratif et conservatoire de cet ordre est précisé dans les premiers statuts et règlements généraux du Grand Chapitre Général (1784). Cet Ordre propose dès l’origine, l’étude de tous les grades physiques et métaphysiques de tous les rituels maçonniques en vigueur.
Son rituel ultime (sur les 80 rituels qui sont soumis à l’étude des Maçons de cet Ordre) au Grand Chapitre Général du Grand Orient de France est celui de « Sublime Philosophe Inconnu », au Grand Chapitre Français celui de « Chevalier de l’Aigle Blanc » et au Sublime Conseil du Rite Moderne pour la France celui de « Chevalier de la Sagesse ».
AU SEIN DES OBÉDIENCES
Le Rite Français est pratiqué au sein de nombreuses obédiences maçonniques, dont le Grand Orient de France, où il est majoritaire à 80 % dans les trois premiers grades (Apprenti-Compagnon-Maître). On le trouve sous ses diverses dénominations et rituels au sein des obédiences dont le Rite Français (Groussier), le Rite Français moderne (Régulateur du maçon), le Rite Français rétabli, Rite Français traditionnel.
En 1973, le G.O.D.F a remis la patente du Rite Français à la Grande Loge féminine de France. L’obédience féminine a donc développé une version du rite français dans plusieurs styles. En 1999, le G.O.D.F a remis la patente des Ordres de Sagesse et en 2001 a été créé le Grand Chapitre Général Féminin de France.
Hors de France, le Rite français est diffusé en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Suisse, en Espagne, au Portugal, au Brésil, en Equateur, en Roumanie, en Bulgarie, en Italie. Il existe de manière plus minoritaire dans d’autres pays, surtout ceux dans lesquels le Grand Orient de France a implanté des loges.
RITE FRANÇAIS MODERNE
Ce rite en 7 degrés a été constitué le 24 Décembre 1772, proclamé le 9 Mars 1773, mis au point par le Grand Chapitre général (1783), puis reconnu définitivement en 1786. C’est le rite du « Régulateur du Maçon» de 1801 (version imprimé de la codification par le G.O.D.F établit de 1783 à 1786) Il est le rite du G.O.D.F, jusqu’en 1862 ou il s’éteint supplanté par le R.E.A.A et son système de hauts grades d’une part et par la « reforme Murat » d’autre part.
Il sera réactivé au sein du G.O.D.F en 1979 par l’allumage des feux de la loge « Esclarmonde » (0800) à Cabriès en Provence (13) dans la périphérie d’Aix en Provence.
Il est également présent à la Grande Loge nationale française depuis 1979. Les Frères Maîtres au Rite Français peuvent intégrer les Ordres de Sagesse du Grand Chapitre des Grades de Sagesse.
Le Rite français moderne est en fait le plus fidèle à celui de la Grande Loge de Londres, rite fondateur de la franc-maçonnerie spéculative. Il perpétue notamment quelques fondamentaux, dont la position des colonnes J et B, la disposition des chandeliers autour du tapis de loge, les batteries en 2 coups brefs et un plus long, l’entame du pied droit, le port de l’épée,etc…, toutes choses que la Grande Loge des « Anciens », changea, par la suite. Il emprunte également quelques éléments à l’hermétisme ( Chambre de réflexion, purification…) et à la chevalerie ( serment sur l’honneur) au détriment de la tradition opérative.
RITE FRANÇAIS (GROUSSIER)
Le Rite français (Groussier) est souvent considéré comme le rite maçonnique le plus « laïc ». Il est le rite référent et administratif du Grand Orient de France.
RITE FRANÇAIS RÉTABLI
Le Rite français rétabli (ou Rite français traditionnel) est une variante de la famille des rites français.
Ce « nouveau » rite traditionnel s’inspire en particulier
– du Régulateur du Maçon de 1801.
– du Rite Écossais Ancien Accepté (R.E.A.A.).
Il cherche à dégager le Rite français originel dit « des modernes », des évolutions qu’il a connues au cours des XIXe et XXe siècle, en particulier au sein du Grand Orient de France.
Son caractère composite fait qu’il en existe de nombreuses versions suivant les obédiences voire les loges.
RITE FRANÇAIS DE TRADITION
Le Rite français de Tradition (parfois désigné comme « Rite franco-belge ») est une variante de la famille des rites français. Héritier des rituels « français » publiés par le GODF en 1786, il est passé à Louvain dans les Flandres sous l’Empire (Loge « La Constance », composée alors en majorité d’officiers français et de Belges francophones) ce qui lui a valu parfois le surnom de « Rite franco-belge ». Par la suite, ce rite est revenu du royaume de Belgique en France, transmis par la loge régulière « La Constance » (Orient de Louvain) à la loge de Saint-Jean « La Parfaite Union en Cévennes » (Orient du Vigan) qui l’a transmis à son tour à plusieurs autres loges françaises.
Le Rite français de Tradition se caractérise notamment par la prééminence de la Beauté dans la trilogie Sagesse, Force et Beauté et par la sobriété de ses décors.
Tous les autres ont une diffusion beaucoup plus limitée. Beaucoup sont même désormais éteints.
Le Rite des Anciens Devoirs
Le Rite du Mot Maçon
Le Rite standard d’Écosse
Le Rite des Moderns
Le Rite des Antients
Le Rite d’adoption
Le Rite suédois
Le Rite du Royal Secret
Le Rite de Misraïm
Le Rite de Memphis
Le Rite de Memphis-Misraïm
Le Rite canadien
Le Rite philosophique italien
Le Rite opératif de Salomon
Le Rite écossais primitif
Le Rite écossais rectifié
Le Rite Swedenborg
Le Rite de Schroeder
La Stricte observance templière
Les Ordres de Sagesse
Le Rite des philalèthes

LES OBÉDIENCES
Depuis son origine, la franc-maçonnerie est organisée en loges, qui sont ses groupes fondamentaux, les seuls qui disposent du pouvoir essentiel en franc-maçonnerie : celui d’initier de nouveaux membres.
Depuis le début du xviiie siècle, ces loges sont elles-mêmes le plus souvent regroupées en fédérations de loges appelées obédiences (du latin obedire, « obéir »), qui prennent le plus souvent les titres de :
- Grande Loge (terme originaire d’Angleterre, le plus fréquent)
- Grand Orient (terme originaire de France, moins répandu dans le monde)
- ou d’autres, plus rares.
LOGES, OBÉDIENCES & RITES MAÇONNIQUES
GRANDES LOGES & GRANDS ORIENTS
LOGES INDÉPENDANTES, SAUVAGES OU CLANDESTINES
LOGES, OBÉDIENCES & RITES MAÇONNIQUES
Les loges maçonniques existaient avant les obédiences. Elles seules disposent du pouvoir d’initier de nouveaux membres. Une loge regroupe typiquement une quarantaine de francs-maçons actifs, bien qu’il existe parfois quelques loges particulières dont l’effectif peut se chiffrer à plusieurs centaines. En général, chaque loge reste libre du choix de son président (le « Vénérable »), qu’elle élit chaque année, des sujets que ses membres souhaitent étudier, ainsi que des éventuelles actions extérieures, caritatives et/ou sociétales, qu’elle souhaite mener.
Les loges maçonniques se regroupent le plus souvent en « obédiences maçonniques », généralement appelées « grandes loges » ou, plus rarement, « grands orients ». En se fédérant ainsi, les loges regroupent leurs forces, notamment en ce qui concerne les questions matérielles (financement et gestion de leurs locaux), rituelles (harmonisation des cérémonies) et d’intervisite (les membres d’une loge peuvent habituellement fréquenter en visiteurs toutes les autres loges d’une même fédération). Il arrive aussi — surtout en France, beaucoup plus rarement dans les autres pays — que les obédiences maçonniques agissent ou s’expriment publiquement au nom de l’ensemble des loges qui les composent.
Le regroupement des loges en obédiences maçonniques, apparu pour la première fois en Angleterre en juin 1717, marqua le début de la franc-maçonnerie moderne, dite « spéculative ». Il s’accompagne d’une relative perte de liberté de chacune des loges ainsi fédérées, puisqu’elles acceptent de se conformer aux règles particulières de leur fédérations (« constitutions » et règlements), dont le premier exemple historique fut les Constitutions d’Anderson de 1723. Toutefois, les loges restent habituellement jalouses de leur marge de liberté et il n’est pas rare, au sein d’une même obédience maçonnique, que se côtoient des loges dont les programmes de travail, les actions et les compositions sociologiques sont très différents les uns des autres.
Enfin, un rite maçonnique est un ensemble relativement homogène de rituels maçonniques. Un même rite maçonnique peut être utilisé par des obédiences maçonniques rivales et certaines obédiences maçonniques fédèrent des loges qui pratiquent différents rites maçonniques. Il arrive aussi parfois, bien que beaucoup plus rarement, qu’une seule et même loge pratique successivement différents rites maçonniques.
GRANDES LOGES & GRANDS ORIENTS
Il n’existe pas entre les deux appellations « grandes loges » et « grands orients » de différence de nature qui soit généralisable à toutes les « grandes loges » ou à tous les « grands orients » du monde, même si dans le cadre restreint de la France, l’expression « Grande Loge » désigne souvent un regroupement de loges pratiquant toutes le même rite (telle la Grande Loge de France, qui pratique exclusivement le Rite écossais ancien et accepté) alors que le Grand Orient de France se définit lui-même comme constituant une fédération de plusieurs rites.
Au début du xviiie siècle, en France, le terme « Grande Loge » désignait une réunion des présidents de loges. Il n’y avait donc pas d’obédience maçonnique permanente au sens moderne : la « Grande loge » n’existait que pendant la durée de la réunion des présidents de loge. De même, le terme « Grand Orient » désignait l’endroit où se réunissait la « Grande Loge ». Ce n’est que dans la seconde moitié du siècle que ces termes finirent par désigner des institutions permanentes (et souvent rivales).
LOGES INDÉPENDANTES, SAUVAGES OU CLANDESTINES
Il existe enfin un peu partout à travers le monde des loges qui ne souhaitent pas se fédérer au sein d’une obédience et qui conservent jalousement leur indépendance. Certaines d’entre elles sont anciennes et traditionnelles, d’autres peuvent être tout à fait récentes et avoir des pratiques si peu communes que les autres obédiences ne les considèrent plus comme étant maçonniques, ni dans le sens « régulier » du terme, ni même dans son acception « libérale ».
Il convient toutefois de distinguer une loge dite « sauvage » en ce qu’elle n’est reconnue par aucune obédience ou puissance maçonnique, d’une loge dite « indépendante » car reconnue par au moins une obédience ou puissance maçonnique tout en ne lui appartenant pas stricto sensu. Souvent dans un pays, une future obédience s’implante en créant d’abord une loge dite « pionnière » lui appartenant si elle est déjà internationale (GLUA / DH), ou une loge dite « indépendante » (et donc pas sauvage) si l’obédience qui la soutient n’a qu’une vocation « nationale », ce qui ne l’empêche pas d’apporter ce soutien à un « projet maçonnique constituant un apport au paysage maçonnique » de tel pays.
Une loge peut aussi être isolée, non soutenue, et clandestine, à savoir choisir de travailler dans la plus absolue discrétion, pour des raisons notamment de sécurité (pays où la liberté d’association est refusée – dictature).
OBÉDIENCES FRANÇAISES
En 2013, on compte environ 170 000 adhérents aux diverses Loges Maçonniques…
LES OBÉDIENCES EN FRANCE NE SE RECONNAISSENT PAS TOUTES ENTRE ELLES MAIS LEURS MEMBRES, INDÉPENDAMMENT DES NUANCES VOIRE DES DIVERGENCES DE LEURS OBÉDIENCES, SE RECONNAISSENT LE PLUS SOUVENT ENTRE EUX COMME FRÈRES ET SŒURS.
Grand Orient de France – 1250 loges – 52 000 membres
Grande Loge de France – 850 loges – 34 000 membres
Grande Loge de l’Alliance maçonnique française – 680 loges – 15 600 membres
Grande Loge nationale française – 600 loges – 26 000 membres
Le Droit Humain – 670 loges – 17 000 membres
Grande Loge féminine de France – 370 loges – 14 000 membres
Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra – 250 loges – 4500 membres
Grande Loge mixte de France – 188 loges – 4500 membres
Grande Loge mixte universelle – 70 loges – 2000 membres

Le Grand Orient de France (GODF, GO, G∴O∴D∴F∴ en typographie maçonnique) est la plus ancienne obédience maçonnique française et la plus importante d’Europe continentale. Il est né en 1773 d’une profonde transformation de la Grande Loge de France de l’époque, fondée le 24 juin 1738. Ce renouvellement débouche sur des traits spécifiques qu’il imprime à la maçonnerie française, rendant celle-ci singulière, notamment au vu des autres maçonneries européennes. La majorité de ces différences perdurent encore en son sein.
L’évolution de l’obédience se fait au travers de l’histoire politique et sociale de la France. Investi par le milieu politique sous le Premier Empire, accusé par l’Abbé Augustin Barruel et les milieux contre-révolutionnaires de conspiration ayant abouti à la révolution, le Grand Orient développe au fil de son évolution un engagement humaniste et politique. En 1877, le Grand Orient supprime l’obligation pour ses membres de se référer à « l’existence de Dieu » et à « l’immortalité de l’âme ». Dès lors, il est qualifié d’obédience dite « libérale » ou « adogmatique », qui adopte pour principe la « liberté absolue de conscience », n’imposant aucune croyance ou religion à ses membres. En cela, il se distingue des obédiences de la branche anglo-saxonne qui enjoint le respect de préceptes dits « de régularité » édictés par la Grande Loge unie d’Angleterre en 1929, impliquant notamment la croyance en un dieu ainsi que l’abstention de sujets politiques ou religieux en loge.
Profondément impliqué dans la vie publique et politique sous la IIIe République, il est dissout au même titre que l’ensemble de la franc-maçonnerie française lors de la Seconde Guerre mondiale par le régime de Vichy. Le Grand Orient peine au sortir de la guerre à rebâtir ses effectifs et s’éloigne de l’action politique directe afin de privilégier la réflexion philosophique et sociétale. Fondateur du CLIPSAS, association regroupant les obédiences adogmatiques autour du globe, il est – avec plus de 52 000 membres répartis dans environ 1 250 loges – la première obédience adogmatique d’Europe. N’acceptant que des adhésions exclusivement masculines depuis sa création, le Grand Orient devient mixte en 2010.
Puissance symbolique souveraine (ses membres sont également des « initiés »), son rite officiel est le Rite français consubstantiel à la création de l’obédience, celle-ci intègre au cours de son histoire et au gré de leurs apparitions, la plupart des rites maçonniques pratiqués de nos jours. Imprégné de culture orale, le GODF n’en est pas moins une institution de droit régie par la loi de 1901 et par des règles écrites fondées sur le suffrage universel, principe démocratique qui s’exerce sur toutes ses structures. La devise, Liberté, Égalité, Fraternité, qu’il adopte en 1848 fait suite aux pages de son histoire et se confond volontairement avec celles de la République française.
www.godf.org
C’est une obédience maçonnique différente de la Grande Loge nationale française, avec laquelle elle est parfois confondue dans les médias.
La Grande Loge de France est une fédération de loges travaillant toutes au même rite : À quelques très rares exceptions près trouvant leur justification dans des circonstances historiques particulières, ses ateliers pratiquent exclusivement le Rite écossais ancien et accepté dans ses trois premiers degrés.
Elle respecte les anciens devoirs, une partie des Basic Principles fixés par la Grande Loge unie d’Angleterre dans leur rédaction de 1929, et leur totalité dans leur rédaction de 1989 à l’exception cependant du troisième point puisqu’elle travaille « À la gloire du Grand Architecte de l’Univers » – qu’elle désigne comme un principe créateur – tout en laissant ses membres libres de l’interpréter selon leurs convictions ou sensibilités. On trouve donc parmi ses membres des théistes et des déistes, mais aussi des agnostiques et même des athées ayant une vision naturaliste de ce concept. Elle se considère ainsi comme régulière.
La Grande Loge de France est directement présente dans différents pays d’Europe (Angleterre, Belgique, Espagne, Andorre, Lettonie, Lituanie et Russie) ; d’Asie (Cambodge, Israël, Thaïlande) ; d’Amérique (Canada, Costa Rica) et d’Afrique (Congo, Île Maurice, Madagascar, Togo, Sénégal).
En 2013, quatre obédiences fondent la Confédération maçonnique de France : La Grande Loge de France, la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra, ainsi que deux scissions de la Grande Loge nationale française : la Grande Loge de l’Alliance maçonnique française (GLAMF) et la Grande Loge indépendante de France (GLIF) signent solennellement le traité fondateur le 15 juin 2013 lors du convent de la Grande Loge de France.
La Grande Loge de France et la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra sont à l’initiative de la création, en 2000, de la Confédération des grandes loges unies d’Europe regroupant des grandes loges symboliques traditionnelles qui ne sont pas reconnues comme régulières par la Grande Loge unie d’Angleterre.
www.gldf.org
Depuis janvier 2015, la GL-AMF est présidée par son nouveau Grand Maître, Claude BEAU ; lequel succède à Alain Juillet qui dirigeait la Grande Loge depuis sa création en avril 2012.
Elle comporterait en 2015 environ 15 606 membres, la plupart issus de la GLNF (donnée non confirmée).
www.gl-amf.org
L’obédience maçonnique est différente de la Grande Loge de France, avec laquelle elle fut parfois confondue dans les médias.
Lors de la création de la Grande Loge nationale française, seuls deux rites étaient pratiqués, le Rite émulation en anglais et le Rite écossais rectifié. Ceci fut le cas jusqu’en 1965, date à laquelle les rangs de la GLNF grossissent en nombre par la venue des membres dissidents de la Grande Loge de France. Cette dernière obédience travaillant au Rite écossais ancien et accepté, les membres constituent de nouvelles loges qui commencent à travailler à ce rite, ainsi qu’au Rite émulation en français.
En 1979, sous l’impulsion de francs-maçons refusant de laisser ce rite historique au seul monopole du Grand Orient de France, les premières loges travaillant au Rite Français, selon le « régulateur du maçon » de 1801, furent respectivement, « Les Anciens Devoirs », et « St Jean Chrisostome », à l’orient de Neuilly. La première loge travaillant au Rite Français en province fut consacrée au Luc en Provence en juin 1980 sous le titre de loge « Le Bailli de Suffren ». Le premier maillet en a été tenu par Jean-Charles Foellner, ancien grand maître de la GLNF.
Le 27 novembre 1983, après le démantèlement de la base de l’OTAN de Fontainebleau où une loge américaine pratiquait le « Rite d’York » américain, et sous l’impulsion d’un de ses anciens vénérables maîtres, installé pour sa retraite à Nice, la première loge travaillant à ce rite est consacrée à l’orient de Nice sous le titre de « Yorktown ». Un nombre croissant de loges travaillent désormais au Rite standard d’Écosse, c’est-à-dire au rite pratiqué dans les loges de la Grande Loge d’Écosse dont le siège est à Edinbourg.
La GLNF travaille à ces six rites fondamentaux (en % : nombre de loges où le rite est pratiqué) :
– Rite écossais ancien et accepté (44%)
– Rite Émulation (18%)
– Rite Français (16%)
– Rite écossais rectifié (14%)
– Rite d’York (5%)
– Rite standard d’Écosse (4%)

Maria Deraismes, militante des droits de la femme et de l’enfant, fut initiée le 14 janvier 1882 à la loge « Les Libres Penseurs » du Pecq, près de Versailles. Cette loge de la Grande Loge symbolique écossaise se détache de ce fait de son obédience. Elle ouvrait la voie à l’initiation féminine.
Entre 1890 et 1893, Maria Deraismes et son époux, le docteur Georges Martin conçoivent une structure maçonnique capable d’admettre les femmes au sein de loges mixtes. Parallèlement, ils entreprirent des campagnes en faveur des droits civils et politiques des femmes et de la défense des droits des enfants opprimés. Fidèles au contexte politique français de l’époque, ils furent aussi très actifs dans la lutte contre l’intolérance alors surtout identifiée au cléricalisme et pour l’établissement d’une école républicaine et laïque.
Le 4 avril 1893, Maria Deraismes et Georges Martin, créent à Paris, le premier atelier mixte.
En janvier 1894, les obédiences maçonniques françaises sont avisées de la création de la Grande Loge symbolique écossaise mixte de France « Le Droit humain », donnant naissance à la franc-maçonnerie mixte. L’obédience va alors croître rapidement et s’installer dans de nombreux pays (Suisse et Angleterre).
Maria Deraismes décéda le 6 février 1894. La tâche d’organisation et de développement de l’ordre reviendra au docteur Georges Martin. Sa volonté et son énergie le conduira à se situer au-delà des frontières, des ethnies, des religions et des cultures.
L’Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain » sera constitué le 11 mai 1901 par la création du Suprême Conseil. Un convent international est prévu en 1914, mais la guerre empêchera de le réunir. C’est lors du 1er convent international de Paris, en août 1920, réunissant 300 loges de France (et des colonies), des États-Unis, des Pays-Bas, d’Italie, de Grande-Bretagne et de Suisse, que l’Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain » voit officiellement le jour et lors duquel les délégués votent et approuvent la constitution internationale qui régit l’Ordre.
La Fédération française du « Droit humain » est une association loi 1901. Elle a actuellement son siège 9 rue Pinel, 75013, Paris.
La Fédération française du « Droit humain » compte environ 670 loges bleues et de hauts grades, pour près de 17 000 membres.
Elle pratique le Rite écossais ancien et accepté (REAA) du 1er au 33e degré, et travaille sur des sujets symboliques et sociaux.
La continuité initiatique des 33 degrés du REAA, voulue par l’ordre, est gérée par une structure maçonnique unique, le Suprême Conseil universel mixte « le Droit humain ».
www.droit-humain.org
La Grande Loge féminine de France, première obédience féminine au monde, compte aujourd’hui 14 000 membres. Les membres sont regroupées au sein de plus de 400 loges en France et à l’étranger. Deux loges particulières La Rose des vents (Rite écossais ancien et accepté), fondée en 1977 et le Creuset bleu (RF), ont pour mission de favoriser la diffusion de la franc-maçonnerie féminine dans le monde entier. Les obédiences féminines fondées en Suisse (1976), en Belgique (1981), et au Portugal (1997) sont issues de la GLFF, de même que la Grande Loge féminine symbolique du Venezuela (2005) et la Grande Loge féminine d’Espagne (2005).
La Grande Loge féminine de France est représentée à Bruxelles par son Institut maçonnique européen, créé en 2008 pour assurer la défense et la diffusion des valeurs humanistes. Denise Oberlin a été élue en 2009 grande maîtresse de la Grande Loge féminine de France, et réélue pour un deuxième mandat. Le 16 septembre 2012, Catherine Jeannin-Naltet est élue à la présidence de l’obédience.
www.glff.org
La GLTSO est une fédération de loges françaises et étrangères.
Implantée notamment en France métropolitaine et en outre-mer, la GLTSO est présente également en Belgique, en Espagne, en Italie, au Brésil, en Thaïlande, et en Afrique. En ce qui concerne cette dernière, il fut créé en 2010 une GLTSA, Grande Loge traditionnelle et symbolique d’Afrique regroupant les loges du Sénégal, du Congo, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Mali, et du Togo. Bien que sous contrôle bienveillant de la GLTSO en termes de comportements et respect d’une culture commune, cette obédience africaine possède sa propre autonomie.
Il en est de même avec la GLTSM, Grande Loge traditionnelle et symbolique de Madagascar, fondée en 1993 et comportant 25 loges.
Les loges françaises sont regroupées en six régions.
Chaque loge est placée sous l’assistance et l’autorité d’un conseiller fédéral élu par les instances locales (un conseiller s’occupe de plusieurs loges dans une même région)
Ces conseillers fédéraux sont placés sous l’autorité d’un grand maître adjoint. Au nombre de six, les grands maîtres adjoints sont chargés chacun d’organiser une région.
À la tête de la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra siège le grand maître, élu à bulletin secret par le convent (assemblée générale annuelle), pour une durée maximale de trois ans.
En janvier 2011, Jean Dubar, 63 ans, a été élu grand maître. Originaire de Villeneuve-d’Ascq dans le Nord, et initié en franc-maçonnerie il y a trente ans, on lui confia ces dernières années des responsabilité importantes. Le grand maître nomme ses grands maîtres adjoints.
Il existe également un « Grand Collège fédéral » chargé des aspects législatifs, et un « Comité des sages », composé des anciens grands maîtres. Ce dernier s’occupe de gérer les litiges obédientiels, et contrôle la régularité du fonctionnement général des instances (assimilable à un « conseil constitutionnel »)
Le Rite écossais rectifié est le rite majoritaire de la GLTSO ; il est son rite officiel (65 % de loges travaillent avec celui-ci). Ceci signifie que les cérémonies officielles se déroulent au RER.
Elle pratique également (par ordre d’importance numérique) :
– Le Rite émulation
– Le Rite français traditionnel
– Le Rite écossais ancien et accepté
– Le Rite standard d’Écosse
– Le Rite d’York
La GLTSO est une obédience maçonnique exclusivement masculine quoiqu’elle reconnaisse les obédiences féminines. Cette ouverture aux autres obédiences lui vaut d’être exclue de la régularité anglo-saxonne. Elle fait le pari d’une maçonnerie traditionnelle et spirituelle. De ce fait, les discussions politiques et religieuses sont interdites en loge. De même, les travaux se font sous les auspices du Grand Architecte de l’Univers.
www.gltso.org
La Grande Loge mixte de France, ou GLMF ou encore G∴ L∴ M∴ F∴ en abrégé et typologie maçonnique est une obédience maçonnique française mixte issue d’une scission d’avec la Grande Loge mixte universelle. On y pratique la mixité totale, qui est le fruit d’une volonté d’établir une réelle égalité entre hommes et femmes. La GLMF est une fédération de loges, ayant chacune un statut d’association loi de 1901. La devise de la GLMF est Liberté, Égalité, Fraternité.
Crée en 1982 de l’investissement personnel de 250 maçons provenant de la GLMU et avec le soutien du Grand Orient de France, la Grande Loge mixte de France présente les particularités suivantes :
Elle considère la mixité comme une richesse issue de la complémentarité homme, femme, issue de la fondation du « Droit humain ». Depuis la Convention de 1988, chaque loge à la possibilité d’être mixte, masculine ou féminine.
Elle donne à ses loges, la possibilité de travailler à des rites différents, répondant ainsi aux diverses sensibilités, la plupart des rites connus en France y sont pratiqués.
Selon le principe de liberté absolue de conscience. Chaque atelier (loge) est libre dans le choix de ses travaux. Le symbolisme est la base, cependant dans la plupart des loges la réflexion porte aussi sur des problèmes de société, ainsi que sur les trois questions annuelles choisies par l’assemblée générale (symbolique, laïque, et sociale). Les synthèses des rapports sert d’enrichissement à l’ensemble des membres.
En 2013, la Grande Loge mixte de France pratique les rites suivants :
– Le Rite français, sous ses différentes formes (R.F.)
– Le Rite écossais ancien et accepté (R.E.A.A.)
– Le Rite écossais rectifié (R.E.R.)
– Le Rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm (voir Rites maçonniques égyptiens)
– Le Rite émulation.
– Le Rite source et lumière.
– Le Rite français philosophique.
La Grande Loge mixte de France réunit un grand nombre de loges maçonniques actives, réparties sur l’ensemble du territoire français (métropole et outre mer), sa croissance est constante. Elle est attachée à la liberté absolue de conscience, et reçoit aussi bien des hommes que des femmes. Elle est restée fidèle aux principes et méthodes de la franc-maçonnerie universelle, et entretient des relations suivies avec l’ensemble des principales obédiences maçonniques françaises et étrangères.
En 2011, Elle compte plus de 4 000 membres et plus de 190 loges. C’est une des obédiences maçonniques actives au sein du groupe constitué sous le nom de « Maçonnerie française » en 2002.
Les responsables sont élus chaque année pour des mandats qui n’excèdent jamais trois ans, tant dans les loges que dans l’obédience. Tous les ans l’assemblée générale de la fédération (convent) rassemble les délégués élus par les loges. Ils définissent en commun les orientations et les thèmes de réflexion de l’obédience. Ils élisent aussi leurs responsables nationaux.
www.glmf.fr
Créée en février 1973, par trois loges du Droit humain, elle prendra comme première appellation « Grande Loge mixte universelle-Droit humain-Tradition ». Le Grand Orient de France lui délivrera une patente du Rite français le 10 octobre 1975. Les deux premiers grands maîtres seront Eliane Brault (1973-1974) et Raymond Jalu (1974-1978). Ils sont considérés comme les fondateurs de la Grande Loge mixte universelle.
Elle forme une fédération de loges constituées en loges bleues (trois premiers degrés). Celles-ci travaillent pour la plupart au Rite Français, d’autres au Rite écossais ancien et accepté (REAA). En 1979, la GLMU adopte sa constitution, très proche de celle du Grand Orient de France.
En 1995, le convent de l’obédience affirme sa spécificité à l’occasion d’une motion, votée à l’unanimité, prônant une franc-maçonnerie républicaine, mixte et de proximité dont la devise Liberté, Égalité, Fraternité se complète de solidarité et s’intègre dans un principe fédérateur la Laïcité, entendue comme le refus de tout dogmatisme. Cette définition caractérise toujours cette obédience. Ses spécificités s’affirment à nouveau lors de ses convents successifs articulés sur des thèmes majeurs concernant la mixité, la laïcité, la démocratie interne, l’égalité de tous ses membres et l’indépendance totale de l’obédience vis-à-vis des ateliers de perfectionnement qui se sont constitués en une obédience différente. En novembre 2002, trois ans avant la célébration du centenaire de la promulgation de la loi de séparation des Églises et de l’État, la GLMU préconise que le 9 décembre devienne une Journée nationale de la laïcité.
La Grande Loge mixte universelle compte environ 2 000 membres. En 1982 une scission de quelques loges travaillant plus dans le spiritualisme que dans les orientations progressives prise par la GLMU depuis 1979 donnera naissance à la Grande Loge mixte de France. Depuis novembre 2013, la GLMU est dirigée par Pierre Leboullenger.
www.glmu.frOBÉDIENCES ANGLAISES
LA FRANC-MAÇONNERIE MODERNE, DITE PARFOIS « SPÉCULATIVE » PAR OPPOSITION À LA MAÇONNERIE DE MÉTIER DITE « CORPORATIVE » OU « OPÉRATIVE », EST NÉE EN GRANDE BRETAGNE, PLUS PRÉCISÉMENT EN ÉCOSSE ET EN ANGLETERRE, AVANT DE S’ÉTENDRE TRÈS RAPIDEMENT, AU DÉBUT DU XVIII SIÈCLE, À TOUTE L’EUROPE PUIS, PRINCIPALEMENT PAR L’INTERMÉDIAIRE DES COLONIES EUROPÉENNES, À L’ENSEMBLE DU MONDE.
Grande Loge unie d’Angleterre – 8320 loges – 600 000 membres
Grande Loge d’Écosse – 1800 loges – 150 000 membres

La Grande Loge unie d’Angleterre est parfois désignée comme la « loge mère », en référence à son origine qui remonte au 24 juin 1717, quand les quatre loges de Londres réunies dans la taverne du « Goose and Gridiron » ont fusionné à l’initiative de Jean Théophile Désaguliers, du pasteur anglican James Anderson et d’autres francs-maçons, pour former la première grande loge. Ses quatre loges portaient le nom des tavernes où elles se réunissaient : L’Oie et le Grill, La Couronne, Le Pommier, Le Gobelet et les Raisins. Cette Grande Loge était un organe supérieur chargé de la régularité des groupes existants et de l’ouverture de nouvelles loges.
En 1751, un groupe de francs-maçons formèrent à leur tour une seconde grande loge rivale sous prétexte que la Grande Loge de Londres s’était écartée des anciens devoirs ou landmarks.
Ils se désignèrent eux-mêmes sous le terme d’« anciens » (Ancients), réservant l’appellation alors péjorative de moderns aux membres de la première Grande Loge de Londres. Le nom de cette obédience était « Grande Loge des francs et acceptés maçons selon la vieille institution ». Les rivalités entre les deux grandes loges persistèrent pendant soixante-trois ans, affaiblissant et divisant les francs-maçons anglo-saxons en deux groupes irréductibles.
En 1809, des commissaires furent nommés afin de négocier les modalités qui permirent le 27 décembre 1813 de fusionner les deux obédiences en une Grande Loge unie de l’Angleterre. Aujourd’hui, la Grande Loge unie d’Angleterre est organisée en grandes loges provinciales qui correspondent à peu près aux provinces ou comtés traditionnels de l’Angleterre. Ceux-ci forment l’administration locale de l’organisation. À Londres, la province est connue comme grande loge métropolitaine. À la suite d’une commission d’enquête parlementaire, la Grande Loge unie d’Angleterre s’est vue contrainte de transmettre la liste de quelques maçons haut placés dans la police et la justice et accusés d’avoir indûment protégé quelques collègues et frères.
Contrairement à une idée fausse assez largement répandue, il n’existe pas d’organisation centrale qui a autorité sur l’ensemble de la franc-maçonnerie régulière dans le monde. Les structures de l’ordre maçonnique étant nationales, il existe dans chaque pays une seule « grande loge », qui a sous son obédience exclusive toutes les loges de son territoire. Dans certains pays, comme les États-Unis par exemple, il existe une grande loge par État.
Les grandes loges, qui sont un peu plus d’une centaine dans le monde, sont indépendantes, autonomes et souveraines. Chacune d’entre elles présente un caractère original, avec des particularités d’usages qui reflètent dans une certaine mesure la mentalité ambiante et les traditions locales. Mais toutes sont reliées entre elles par un consensus quant aux principes et aux usages qui constituent l’indispensable base de la régularité maçonnique. Ces critères communs sont connus sous le nom anglais de « landmarks », c’est-à-dire les bornes à ne pas dépasser sous peine de sortir du domaine de l’ordre.
Même la Grande Loge unie d’Angleterre, qui est la plus ancienne et la plus importante, avec quelque 600 000 membres, n’a pas d’autre action directe sur le plan international que celle d’accorder, refuser ou retirer sa « reconnaissance ». Mais le soin scrupuleux qu’elle met à respecter et à faire respecter les principes qu’elle a été la première à codifier, donne à ses décisions en ce domaine un poids et un prestige particuliers.
Par contre, la grande loge d’Angleterre entretient de mauvais rapports avec le Grand Orient de France, puisqu’il y a eu une rupture entre les deux organisations à la fin du xixe siècle au sujet du théisme.
www.ugle.org
Le caractère de la Grande Loge est lié à l’existence même de la plus ancienne loge connue encore en activité, la loge Kilwinning n°0 et du rituel pratiqué, le Rite standard d’Écosse toujours et uniquement pratiqué en Écosse.
L’obédience est fondée en 1736. Lors de l’installation de la nouvelle structure, seul un tiers des loges était représenté. Dès ses débuts, la Grande Loge d’Écosse, tout comme la Grande Loge d’Irlande, furent particulièrement bien représentées au sein de l’armée britannique. Ces loges, dites travelling lodges, étaient généralement formées avant même l’obtention d’un « mandat » par l’obédience mère. Après quelques mois d’existence, si les militaires de la loge étaient toujours en vie, ils devaient s’acquitter d’un droit d’affiliation.
Vers le milieu de l’année 1953, la Grande Loge d’Écosse signe une charte avec la Grande Loge de l’État d’Israël.
Au xxie siècle, la Grande Loge recenserait plus de 150 000 membres.
À partir de 1637, les premières loges d’Écosse pratiquent le Rite du Mot de maçon, (Mason’s Word); telle la loge Kilwinning n°0. Dès la fin du xviie siècle, la majorité des loges travaillent au Rite standard d’Écosse (RSE), qui sera codifié deux siècles plus tard. Aujourd’hui, la Grande Loge d’Écosse est presque exclusivement la seule a perpétuer le rituel. Il est admis que le Rite standard d’Écosse est la forme la plus opérative de rituel, par conséquent la plus ancienne et la plus proche des « origines ». La version actuellement pratiquée date de 1969 et se nomme « Standard Ritual of Scottish Freemasonry ».
grandlodgescotland.comOBÉDIENCES AMÉRICAINES (USA)
La franc-maçonnerie aux États-Unis est caractérisée par sa transparence et son nombre important de membres.
LES OBÉDIENCES DITES RÉGULIÈRES
LES OBÉDIENCES LIBÉRALES
LES OBÉDIENCES DITES RÉGULIÈRES – USA
Qui, quoi que décroissant, représenterait encore près de deux millions répartis dans environ 15 000 ateliers, pour 50 Grandes Loges dites « régulières ».
La structure fédérale du pays donne à chaque État des États-Unis sa propre Grande Loge. De par son histoire, la franc-maçonnerie aux États-Unis est très différente de celle qui prédomine en Europe.
Les obédiences dites «régulières» de traditions et qui se reconnaissent entre elles. La majorité étant reconnus par la Grande Loge unie d’Angleterre. Elles demandent – entre autres – la croyance en Dieu à leurs membres.
Aux États-Unis, sans compter Prince Hall qui est reconnue par la majeure partie des obédiences comme étant traditionnelle et régulière, chaque État ne peut avoir qu’une seule obédience dite «régulière».
LES OBÉDIENCES LIBÉRALES – USA
Il existe quelques obédiences dites «libérales» aux États-Unis. À l’exemple de l’Europe, on trouve un peu toutes les tendances. Mais celles-ci ne sont pas reconnues par les obédiences dites «régulières». Par cet ostracisme, les obédiences libérales américaines ont tendance à se rapprocher de celles existant en Europe.
C’est le cas de la George Washington Union qui a adhéré en 1979 au Centre de liaison et d’information des puissances maçonniques signataires de l’appel de Strasbourg (CLIPSAS) réunissant plusieurs obédiences dans le monde.
Depuis 1903 l’Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain » s’est implanté aux États-Unis. La Fédération américaine du Droit Humain est présente dans de nombreuses grandes villes.
En 2007 vient de se constituer une nouvelle obédience de type libéral, regroupant des loges masculines, voulant être identifiée dans la franc-maçonnerie moderne et libérale : le Grand Orient des États-Unis d’Amérique.
Grande Loge de Pennsylvanie – 110 000 membres
Grande Loge de l’Ohio – 120 000 membres

Elle fut fondée le 26 septembre 1786 par les délégués de treize loges qui étaient précédemment placées sous l’autorité de la « Grande Loge provinciale de Pennsylvanie », obédience qui dépendait alors de la « Grande Loge des Ancients » d’Angleterre. Le contexte de sa création est donc à la fois celui de l’indépendance des États-Unis vis-à-vis de l’Angleterre, et celui du conflit entre les deux grandes loges anglaises de l’époque, dites des « Ancients » et des « Moderns ».
Le bâtiment de la Grande Loge de Pennsylvanie, situé sur North Broad Street, face à l’hôtel de ville de Philadelphie, est le principal centre maçonnique de cet État. Plusieurs centaines de visiteurs découvrent chaque année son architecture et celle de ses sept temples dans lesquels plusieurs loges de Philadelphie se réunissent encore de nos jours. La première pierre de l’édifice pèse dix tonnes et fut posée à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin 1868. La truelle utilisée à cette occasion par le grand maître Richard Vaux était la même que celle qui fut utilisée par le président George Washington lors de la pose de la première pierre du Capitole en 1793. L’édifice fut achevé en 1873.
www.pagrandlodge.org
La Grande Loge de l’Ohio a été formé le 4-8 Janvier 1808, par une convention de cinq des six loges maçonniques ensuite réunis dans l’Ohio. La convention a eu lieu dans le statehouse à Chillicothe, et le 7 Janvier, Rufus Putnam a été élu Grand Maître.
La Grande Loge de l’Ohio a eu une existence continue depuis 1808 et en 2010 avait plus de 500 loges agréés opérant dans l’Ohio avec un nombre total de membres de plus de 100 000.
www.freemason.comOBÉDIENCES ALLEMANDES
L’Allemagne est, avec l’Angleterre, l’Écosse et la France, l’un des principaux berceaux de la Franc-Maçonnerie moderne, dite « Spéculative ».
BIEN QUE LES LOGES « OPÉRATIVES » Y AIENT ÉTÉ NOMBREUSES ET IMPORTANTES, ET BIEN QU’ELLES AIENT SU ELLES-AUSSI, COMME LEURS HOMOLOGUES ANGLAISES, ACCUEILLIR TRÈS TÔT DES « MAÇONS ACCEPTÉS » (C’EST-À-DIRE DES HOMMES QUI N’ÉTAIENT PAS DU MÉTIER, PAR EXEMPLE ARTISTES ET PHILOSOPHES), LES PREMIÈRES VÉRITABLES LOGES MODERNES FURENT, EN ALLEMAGNE COMME PARTOUT EN EUROPE, D’ORIGINE BRITANNIQUE.
Grandes Loges Unies d’Allemagne – 470 loges – 14 000 membres
Grande Loge féminine d’Allemagne – 15 loges – 400 membres

Les francs-maçons de la VGLvD se sont engagés à la dignité, la liberté et à l’autodétermination centrées sur les traditions de leur ordre. Il y aurait environ 470 loges, toutes masculines, pour un total d’environ 14100 francs-maçons.
La Grande Loge qui nous accueille est la “Grande Loge Nationale des Franc-Maçons d’Allemagne (Große Landesloge der Freimaurer von Deutschland, GLL FvD ou GLL), appelée aussi le FO (Freimaurer Orden)
La Grande Loge Nationale des francs-maçons d’Allemagne est l’un des membres fondateurs des Grandes Loges Unies d’Allemagne et répertoriée comme une des cinq Grandes Loges allemandes reconnues comme “régulières” par le Grande Loge Unie d’Angleterre (UGLE). La Grande Loge a été créé en 1770 par Johann Wilhelm Zinnendorf Kellner, un médecin de l’armée Prussienne.
La Grande Loge Nationale des francs-maçons d’Allemagne fonctionne selon une version légèrement modifiée du Rite Suédois. Par conséquent, elle se distingue des autres Grandes Loges Allemandes à la fois par sa structure organisationnelle et par le contenu. Il n’est pas nécessaire qu’un membre de l’Ordre soit de confession Chrétienne, mais les règles de l’ordre demande que chaque membre “reconnaisse les enseignements de Jésus-Christ tels qu’ils sont écrits dans les Saintes Écritures”.
freimaurer.org
PHOTOS DE LOGES MAÇONNIQUES
L’HERMÉTISME
L’hermétisme est une philosophie, une religion, un ésotérisme, ou une spiritualité…
Hermétisme peut prendre trois sens différents. Le mot désigne ainsi une doctrine ésotérique fondée sur des écrits de l’époque gréco-romaine attribués à l’inspiration du dieu Hermès Trismégiste (nom donné par les Grecs au dieu égyptien Thot) et une doctrine occulte des alchimistes, au Moyen Âge et à la Renaissance. Dans un sens commun, il désigne le caractère de ce qui est difficile à comprendre. Pour garder un minimum de cohérence, on ne saurait parler d’hermétisme (au sens d’ésotérisme) sans certaines conditions : affirmation de l’autorité d’Hermès ou d’Hermès Trismégiste ou de Thoth, ésotérisme (secret), inscription dans un courant historique précis (celui du Corpus Hermeticum, pour l’essentiel), tendance philosophique précise (centrée sur l’Un-Tout, la divinisation de l’esprit, les correspondances, l’alchimie mystique). Sinon, on tiendra pour hermétiste Rimbaud, toute l’alchimie…
L’hermétisme est une philosophie, une religion, un ésotérisme, ou une spiritualité en quête du salut, par l’esprit (comme le gnosticisme) mais supposant la connaissance analogique du cosmos. Le salut passe par la connaissance : se connaître, se reconnaître comme “étant fait de vie et de lumière”, comme Dieu, en tant qu’intellect. Et cela constitue une contemplation, la vue du Bien, en sa “beauté impérissable, incompréhensible”.
HERMÈS TRISMÉGISTE
DOCTRINE
INITIATION
HISTOIRE
TEMPS MODERNES
HERMÈS TRISMÉGISTE
L’hermétisme se présente comme une révélation d’Hermès Trismégiste (????? ? ????????????). Hérodote (vers 420 av. J.-C.) et la célèbre « pierre de Rosette » (196 av. J.-C.) signalent déjà l’identification entre le dieu égyptien Thoth et le dieu grec Hermès. Thoth, le dieu Ibis, est identifié à Hermès car ils ont plusieurs points communs : ils conduisent les morts, ils ont inventé l’écriture, et diverses techniques, ils sont les scribes des dieux. Selon Cicéron, il y eut cinq Hermès, dont le dernier est appelé Thoth en Égypte. La première mention du nom « Trismégiste » figure chez Philon de Byblos et Athénagoras, au IIe s.
Le cinquième est adoré par les Phénéates [en Arcadie ?]. On dit qu’il tua Argos et que, pour cette raison, il s’enfuit d’Égypte. Il avait donné aux Égyptiens leurs lois et leur écriture. C’est celui que les Égyptiens appellent Thoth.
« Trismégiste » (????????????) signifie « trois fois grand », donc très grand : Hermès l’extraordinaire ! C’est une traduction maladroite, en grec, de l’égyptien hiéroglyphique (ou démotique) « aâ aâ aâ ur » (« grand, grand, très grand ») où la répétition exprime une sorte de superlatif. Le Trismégiste est présenté comme un grand Sage qui a vécu dans des temps très anciens et qui est proche des dieux. Son époque remonte avant Platon et même les Sept Sages, selon Lactance. Dans le « trois fois grand »,
Suidas reconnaît le signe de la Trinité, Bernard de Trévise (XVe s.) y décèle une allusion aux trois règnes (minéral, végétal, animal) ; dans un traité daté de 1736, publié sous le pseudonyme de Pyrophilius, on lit que ce nombre est une allusion aux trois principes (sel, soufre, mercure) [de Paracelse] ; le plus souvent, il est interprété comme signifiant ‘grand philosophe, prêtre et roi’.
Les Hermetica sont-ils une révélation ? Pour les Anciens, les gens du Moyen Âge et de la Renaissance, certainement. Mais, les doutes sont arrivés sur la divinité et l’antiquité de l’enseignement à partir d’un érudit huguenot, Isaac Casaubon. Celui-ci démontre en 1614 que le Corpus Hermeticum n’est pas antérieur au IIe ou IIIe s. : le Corpus mentionne Phidias (Ve s. av. J.-C.), il cite des auteurs tardifs, il a un style hellénistique. Aujourd’hui, on lit aisément les influences du Timée de Platon, des stoïciens, du gnosticisme, de certains néoplatoniciens, et même du judaïsme.
L’hermétisme gréco-égyptien s’appelle aussi bien « hermétisme alexandrin », « hermétisme égyptianisant », « hermétisme hellénistique », « hermétisme gréco-hellénique », « hermétisme antique ». L’ensemble des textes reçoit le nom d’ Hermetica, il comprend deux grands ensembles, bien distingués par André-Jean Festugière. Tous se donnent pour des révélations d’Hermès Trismégiste.
– Hermétisme populaire (ou technique). Un premier ensemble regroupe des textes occultistes, écrits dès le IIIe s. av. J-C., mis en circulation dès le Ier s. av. J.-C., traitant d’astrologie (IIIe-IIe s. av. J.-C.), d’alchimie (IIe-Ier s. av. J.-C.), de magie (IVe-VIIes.), de botanique magique, de médecine occulte. La doctrine sur laquelle repose cet ésotérisme est celle des correspondances et des antipathies ou sympathies (venue des stoïciens, et, vers 100 av. J.-C., de Bolos de Mendès). « On suspendait à un astre donné toute une hiérarchie d’êtres, depuis l’ange jusqu’au minéral, dont les propriétés étaient censées en rapport, en sympathie avec cet astre. le savant qui connaissait ces séries était évidemment le maître de la nature. »
– Hermétisme savant (ou philosophique). Un second ensemble regroupe des textes philosophiques, élaborés dès la fin du Ier s. Il regroupe le Corpus Hermeticum (en grec), l’ Asclépius (en latin), les extraits hermétiques recueillis vers 490 par Stobée (dont le Korè Kosmou ou Pupille du monde) , des traités trouvés en 1945 en Haute-Égypte, à Nag Hammadi, dans une bibliothèque copte gnostique. Les historiens modernes ont montré que les auteurs hermétiques sont soit des Grecs égyptianisés soit des Égyptiens hellénisés, vivant sans doute à Alexandrie. Formaient-ils des confréries hermétiques ? oui, selon R. Reitzenstein et J. Geffcken, non selon W. Bousset et A.-J. Festugière.
La distinction n’est pas tranchée : on trouve dans les Hermetica philosophiques de l’astrologie (Stobée fragment VI ; Nag Hammadi 62), de l’alchimie (Corpus Hermeticum, V, 9 ; XII, 8 ; XIV, 10), de la magie (Nag Hammadi VI, 56).
DOCTRINE
L’hermétisme du Corpus Hermeticum est « un mélange de platonisme, de stoïcisme, et de quelques traces judaïques et persanes » Après avoir opéré la distinction populaire/savant, Festugière opère, après W. Bousset (1914), une autre division, cette fois à l’intérieur du seul hermétisme dit savant ou philosophique. La pensée religieuse de l’hermétisme philosophique « est dominée par deux tendances, qu’on peut dire une tendance optimiste et une tendance pessimiste. »
Hermétisme savant optimiste. « Dans la première [tendance], le monde est considéré comme beau : il est essentiellement un ordre (…). Un tel ordre suppose un Ordonnateur (…), en sorte que la vue du monde conduit naturellement à la connaissance et à l’adoration d’un Dieu démiurge du monde. » « Courant optimiste : C.H. [Corpus Hermeticum] II, V, VI, VIII, IX-XII, XIV, XVI, l’ Asclépius, certains morceaux de Stobée XXIII, XXVI. »
Hermétisme savant pessimiste. « Dans la seconde [tendance], le monde est considéré comme mauvais. Le désordre y domine (…). Le Dieu (…) ne peut être directement le créateur du monde (…), ce Dieu sera infiniment éloigné, infiniment au-dessus du monde. Il sera hypercosmique. Entre lui et le monde, on supposera toute une série d’intermédiaires (…). Il faudra fuir tout ce qui est matière. » « Courant pessimiste : C.H. I, IV, VII, XIII, certains morceaux de l’ Asclépius et le fond de Stobée XXIII (Korè Kosmou). »
INITIATION
Certes, l’hermétisme gréco-égyptien est « littéraire », mais on devine des initiations. Il semble que les hermétistes alexandrins pratiquaient une religion plus mentale que rituelle, prônant la discipline de l’arcane (l’interdiction de révéler aux profanes), la contemplation, certains exercices extatiques. Comme le remarque Mircea Eliade,
nous avons affaire à un nouveau modèle de communication des sagesses ésotériques. À la différence des associations fermées comportant une organisation hiérarchique, des rites initiatiques et la révélation progressive d’une doctrine secrète, l’hermétisme, tout comme l’alchimie, implique uniquement un certain nombre de textes révélés, transmis et interprétés par un ‘maître’ à quelques disciples soigneusement préparés (c’est-à-dire rendus ‘purs’ par l’ascèse, la méditation et par certaines pratiques cultuelles)… Le texte sacré peut être oublié pendant des siècles, il suffit qu’il soit redécouvert par un lecteur compétent pour que son message redevienne intelligible et actuel.
À partir d’une analyse du traité de Nag Hammadi sur l’Ogdoade et l’Ennéade (c’est-à-dire la huitième et la neuvième sphères célestes), plusieurs spécialistes concluent aujourd’hui à l’existence de rites et de communautés hermétiques dans les premiers siècles chrétiens. Selon Jean-Pierre Mahé, l’initiation à l’Ogdoade et l’Ennéade n’est conférée qu’après un long parcours sur « la voie d’immortalité ». Les étapes de ce parcours sont : la gnose (éveil, prise de conscience, renoncement au mal et quête du Dieu suprême), le discours (étude des enseignements d’Hermès : lesDéfinitions conservées en version arménienne, les Leçons générales et les Leçons détaillées), et l’intellect (exercices de contemplation silencieuse). De même que la quête hermétique du Dieu suprême n’implique pas l’abandon du polythéisme égyptien, la progression sur la voie d’immortalité s’accompagne de la pratique de l’astrologie (pour connaître le chemin de la remontée de l’âme) et de l’alchimie (pour apprendre à se transformer soi-même). L’existence d’objets aussi précieux que la carte hermétique du cosmos figurant sur les tablettes astrologiques de Grand (en ivoire et en or) rend improbable l’appellation d’hermétisme « populaire » attachée à ces exercices. Il faudrait plutôt y voir une littérature hermétique « pratique », en complément des textes hermétiques « philosophiques ».
HISTOIRE
Hermétisme antique. L’hermétisme commence à Alexandrie au IIIe s. av. J.-C. avec des textes occultistes (astrologie, magie…) attribués à Hermès Trismégiste ou mis sous son autorité. Suivent, entre 100 et 300, des textes philosophiques, dont le très important Corpus Hermeticum, écrit en grec lui aussi, par des Égyptiens instruits dans la culture grecque ou par des Grecs vivant au sein de la culture égyptienne. Le texte le plus influent, annexé au Corpus Hermeticum, reste l’ Asclépius , originellement écrit en grec au début du IVe s., dont on ne conserve qu’une traduction latine. Le Poimandrès eut aussi une grande influence. Vers 200 av. J.-C. l’historien juif Artapan assimile Thoth-Hermès à Moïse.
À partir du IIe s. av. J.-C. sont mis en circulation les premiers écrits alchimiques attribués à Hermès Trismégiste. Ainsi commence ce qu’on appelle « la tradition hermético-alchimique ». Voici quelques titres : Isis la prophétesse à son fils Horus , La clef, Petite clef. L’alchimie se centre alors sur quatre choses : or, argent, pourpre (porphyre), pierres précieuses. Zosime de Panopolis, le premier grand alchimiste (vers 300), utilise les Hermetica. Le récit de Bolos de Mendès (100 av. Jésus-Christ selon R. Halleux) qui raconte comment il a découvert un livre d’Hermès Trismégiste dans une colonne enflammera les imaginations. Beaucoup d’auteurs diront qu’ils ont découvert un livre secret, soit hermétique soit alchimique, contenant des mystères révélés par Hermès Trismégiste. Bolos reçoit l’initiation d’Ostanès le Mage, vivant, mort ou fantôme. Diverses versions circulent, dont celle-ci : « Alors que nous nous trouvions dans le temple, une petite colonne se brisa par hasard, dont nous constatâmes que l’intérieur était vide. Pourtant Ostanès affirma qu’en elle se trouvaient, précieusement conservés, les livres ancestraux, et il la fit voir en grande pompe à tout le monde. En nous penchant pour regarder à l’intérieur, nous eûmes la surprise de voir que nous avions laissé échapper quelque chose, car nous y découvrimes ce mot si utile [attribué à Ostanès] : ‘La nature se plaît dans la nature, la nature triomphe de la nature, la nature domine la nature. »
Cicéron énumère les cinq Hermès. Les textes hermétiques trouvés dans la Bibliothèque copte de Nag Hammadi, en Égypte, datent d’environ 350.
TEMPS MODERNES
L’École de la Rose-Croix d’Or de J. Rijckenborgh revient à Hermès Trismégiste (La gnose originelle égyptienne, 1960). Tomberg, l’auteur des Méditations sur les arcanes majeurs du Tarot (1980) place la Tradition sous la gouverne de la « Philosophie hermétique ». Mais le XXe s. se signale davantage par les grands travaux, érudits, historiques, scientifiques de spécialistes de la littérature hermétique : Richard Reitzenstein (Poimandres. Studien zur griechisch-ägyptischen und frühchristlichen Literatur, 1904), André-Jean Festugière (La révélation d’Hermès Trismégiste, 1944-1954, 4 vol.). En 1984, Joost Ritman a fondé à Amsterdam la Bibliotheca Hermetica Philosophica, spécialisée dans les ouvrages d’hermétisme chrétien.
